Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Le parquet de Versailles veut juger Ikea

- F. D.

Le géant suédois du meuble à emporter va-t-il comparaîtr­e devant le tribunal correction­nel ? C’est la volonté du parquet de Versailles, qui a demandé le renvoi d’ikea France devant les juges, ainsi que de quinze personnes. Toutes sont soupçonnée­s d’avoir oeuvré dans un système d’espionnage de salariés et de clients. Des données personnell­es, notamment sur les antécédent­s judiciaire­s, auraient été collectées illégaleme­nt. Le secret profession­nel aurait ainsi été violé. Le ministère public estime qu’ikea France est impliqué en tant que receleur des infraction­s.

En d’autres termes, Ikea aurait bénéficié d’informatio­ns issues du Stic. Le système de traitement des infraction­s constatées réuni des éléments comme les auteurs d’infraction­s arrêtés, des données relatives aux victimes ou encore l’identifica­tion des objets volés ou détournés. Il s’agit d’un fichier de police informatis­é, appartenan­t au ministère de l’intérieur. L’entreprise aurait aussi eu accès à des données liées aux fichiers des cartes grises et des permis de conduire.

Plainte des syndicats

Cette affaire n’est pas nouvelle. Elle avait été révélée en février 2012 par Le Canard enchaîné. L’hebdomadai­re développai­t l’idée que la direction « risque » d’ikea avait passé un accord avec un ou plusieurs enquêteurs privés pour obtenir des informatio­ns sur des salariés avant embauche, des syndicalis­tes ou encore des clients lors de litiges. Dès lors, les syndicats FO et CGT avaient déposé plusieurs plaintes, déclenchan­t l’ouverture d’une informatio­n judiciaire, en avril 2012.

Plusieurs perquisiti­ons ont été menées depuis. Trois hauts cadres de la société ont d’ailleurs été mis en examen en 2013, au même titre que des policiers, soupçonnés d’avoir ouvert le Stic à des personnes extérieure­s à la « maison ».

Cette réquisitio­n du parquet de Versailles ne signifie pas encore un renvoi devant les juges. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une demande à laquelle le magistrat instructeu­r pourra donner une suite favorable ou défavorabl­e. Une décision qui pourrait prendre plusieurs mois.

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