Challans dans un « Guide du voyageur » en 1884
TOURISME D’AUTREFOIS.
Le 19e siècle a vu fleurir les guides touristiques. Ils pouvaient être écrits par des érudits locaux, comme le Guide du voyageur à Noirmoutier, » du docteur Ambroise Viaud-Grand-Marais. Si la plus grosse partie de l’ouvrage concerne forcément Noirmoutier, le médecin, et historien, y indique « divers moyens d’atterrir sur l’île. » Et il donne à ses lecteurs de courtes descriptions des villes et villages traversés en chemin.
Le trajet via Challans s’effectuait d’abord par le train depuis Nantes. Passé Machecoul, on s’arrête en gare de Bois de Céné, où l’on a « une butte féodale, » et les traces d’une voie romaine. La station suivante est La Garnache, « 3 185 habitants, » mais plus « que 500 groupés autour de son clocher. » Alors que c’était naguère une « très ancienne demeure féodale de laquelle dépendaient Beauvoir et les îles d’Yeu et de Noirmoutier. »
Petite ville
Six kilomètres après, on arrive à Challans, où Viaud-Grand-Marais est né en 1833. « La gare est située à l’extrémité Est de la petite ville, qui a près de 2 kilomètres de longueur. » Avec 4,917 habitants, elle n’est alors pas beaucoup plus grande que La Garnache.
Transactions de bestiaux
Pour continuer sa route, « une voiture correspondant avec le premier train de Nantes fait le courrier entre Challans et Beauvoir. Elle suit une sorte de cap schisteux s’enfonçant dans le marais. » Si le voyageur doit attendre, que peut-il voir pour se distraire ou s’instruire ? Le passé et le présent de Challans sont les marchés et les foires. Elle est « siège de transactions nombreuses, d’un grand commerce de bestiaux, » et bien sûr « de canards et de poulets. Le mardi, parfois, on en vend dans un seul marché pour 30.000 francs. »
Courses de chevaux
On apprend ensuite que se déroulaient déjà à Challans des courses de chevaux : soit au moins 50 ans avant la création de la Société des courses hippiques, en 1933. Évidemment, l’esprit n’était pas le même. Pour son président actuel, Jean-Paul Gaillard, « c’étaient plutôt de grandes kermesses. »
Sauts à la ningle
Et il y avait plus pittoresque. Viaud-Grand-Marais signale également des « sauts à la ningle, » car la ville est « de fait le chef-lieu du marais septentrional de la Vendée. » La ningle est une perche de bois qui sert à la propulsion de la yole, cette embarcation plate de notre région. Mais en la piquant au milieu d’un étier, elle permettait aux Maraîchins de sauter d’une berge à l’autre. C’était aussi un jeu, perpétué de nos jours par quelques associations.
Lettres de noblesse
Enfin, au milieu de tout cela, on pouvait, et l’on peut encore, découvrir route de Soullans « le manoir de la Vérie, » où l’historienne Marie-Charlotte-Pauline de Lézardière (née le 25 mars 1754 en ce lieu) « écrivit ses études remarquables sur la Théorie des lois politiques de la France. » De plus, « non loin de cette maison noble, se trouve un beau menhir, » une pierre levée qui, selon la légende, fut lâchée là par le Diable en personne, tandis qu’il tentait de construire le mythique Pont d’Yeu. Finalement, le guide de Viaud-Grand-Marais est toujours d’actualité et peut donner des idées de sorties…