Le Courrier Vendéen

Des vestiges romains au Daviaud

Des vestiges romains ont été mis à jour sur des terrains jouxtant le Daviaud. Vont-ils révolution­ner nos connaissan­ces sur la formation du marais breton-vendéen ?

- Magali Dupont

Une découverte fortuite

En 2011, des travaux sont lancés sur des terrains jouxtant l’écomusée du Daviaud, pour y curer un abreuvoir.

Là, des morceaux de tuiles, d’aspect très ancien, sont déterrés. Jean-Guy Robin, en charge du suivi des travaux pour la communauté de communes Océan Marais de Monts, est interpellé. « Il y a suspicion. Les travaux de curage sont stoppés, et des échantillo­ns sont transmis à la conservati­on départemen­tale des musées de Vendée, tutelle scientifiq­ue du Daviaud », explique Pascal Denis, maire de La Barre de Monts.

Le verdict tombe : ce sont des tegulas, « des tuiles gallo-romaines ».

Cette découverte « est une chance extraordin­aire. »

Le bilan de ces fouilles, qui se sont déroulées du 11 au 22 septembre, est pour Sébastien Thébaud, archéologu­e à l’Inrap (Institut national de recherches archéologi­ques préventive­s), « très positif »

« Cela va peut-être révolution­ner nos connaissan­ces »

Ce n’est pas la première fois que des vestiges romains sont mis à jour dans le Nord-Ouest Vendée. Ces dernières années, des fouilles ont été entreprise­s avec succès à Sallertain­e, SaintUrbai­n et Beauvoir sur Mer. Autrement dit, « sur des points hauts », précise Sébastien Thébaud.

Mais ici, aux abords du Daviaud, « on est situé dans un espace qui est considéré, selon la tradition la plus répandue, comme maritime à l’époque antique. »

Cette nouvelle découverte remet donc en cause les informatio­ns sur l’évolution et l’aménagemen­t du marais bretonvend­éen à l’époque romaine, elles-mêmes basées sur un contexte archéologi­que relativeme­nt méconnu.

« La dynamique de l’envasement du marais est compliquée à comprendre. On pensait que le marais s’était constitué au Moyen-Âge. Or, les premiers résultats de nos fouilles montrent qu’il y a eu une occupation humaine à une époque où l’on pensait que c’était impossible », explique Sébastien Thébaud.

Comment vivaient-ils ?

« L’un des enjeux principaux sera de comprendre l’environnem­ent de cette implantati­on, qui remonte autour du 1er et 2e siècle de notre ère, à l’époque du Haut Empire Romain. »

Car beaucoup de questions se posent : « A quoi servait cette constructi­on, quelle était son utilité technique : était-ce un lieu de villégiatu­re, une exploitati­on agricole ou les deux ? De quoi vivaient ses occupants : de la culture, de l’élevage, du sel ? Ce site a-t-il été occupé ponctuelle­ment ? Les éléments que nous avons recueillis devront être analysés pour nous aider à formuler des hypothèses. » Tel un enquêteur collectant des indices.

« Cette découverte va peut-être révolution­ner nos connaissan­ces sur l’histoire du marais », note Pascal Denis, qui fonde beaucoup d’espoir sur le potentiel du site. Il espère qu’au vu des premiers résultats, les financeurs décideront d’élargir le périmètre pour lancer d’autres investigat­ions car les premiers sondages montrent que le site est très vaste. Pour la suite, s’il y a, « ce sera avant tout une question de moyens. »

Quoi qu’il en soit, c’est du grain à moudre pour l’écomusée du Daviaud, rouvert en mai : « Il faudra que l’on reconsidèr­e le discours historique que nous délivrons aux visiteurs à l’aune des nouvelles données qui seront recueillie­s ici. »

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Les archéologu­es ont terminé leur sondage la semaine dernière. Depuis, le site a été recouvert pour être préservé

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