« Nous sommes sereins pour la fin de l’année »
Vendée Eau est le syndicat d’alimentation en eau potable du département. Son directeur adjoint, Eric Miesch, dresse un état des lieux des capacités des retenues d’eau. Et nous explique les différentes stratégies utilisées pour se prémunir contre les risques de pénuries.
Régulièrement, le Nordouest Vendée se trouve face à une baisse inquiétante des barrages du Jaunay et d’Apremont : comment l’expliquez-vous ?
Cela vient, avant tout, aux disparités géographiques du département, en matière d’alimentation en eau. Les 3/4 de la Vendée ne possèdent que très peu d’eaux souterraines, seulement 12%. Ce sont donc principalement des eaux de surface, plus difficiles à capter. De plus, le département n’est parcouru que par des fleuves côtiers.
Par contre, le Sud Vendée dispose de plus de nappes phréatiques. C’est pourquoi, notamment à la fin de l’été, le niveau d’eau des barrages du Jaunay et d’Apremont, qui alimente tout le Nord-ouest de la Vendée, a parfois été très bas.
En cette fin septembre, à quel niveau se situent les réserves actuelles du barrage d’Apremont ?
Ce barrage est à 45 % de sa capacité totale. Il faut savoir qu’il peut retenir jusqu’à 3,5 millions de m3 d’eau. Nous sommes à peu près à la même cote que l’année dernière, à la même époque. Le niveau a baissé jusqu’à fin août, pour être aujourd’hui étale. Ce qui s’explique principalement par le fait que la consommation estivale a été un peu moins importante qu’en 2016. De 3 à 4 % en baisse. Nous sommes sereins pour la fin de l’année. Même s’il faut bien sûr être toujours prudent. Comme nous l’a prouvé l’hiver dernier, où la Vendée manquait d’eau dès janvier. Pouvez-nous rappeler ce qui s’est passé ?
Dès l’automne 2016, le niveau des retenues était le plus faible jamais enregistré, depuis que nous faisons des relevés dans les années 90. Le taux de remplissages des barrages vendéens était de seulement 41,6 %. Une situation des plus préoccupantes, en particulier pour les barrages du Jaunay et d’Apremont. Très peu de pluies étaient tombées depuis juillet.
Heureusement, leurs niveaux d’eau est bien remontés fin mars, grâce des pluies en nombre. Les deux barrages ont été pleins jusqu’en avril, et ont commencé à baisser en mai, jusqu’à fin août. En général, on préfère que cette baisse commence fin juin. C’est pourquoi nous l’avons limitée en faisant jouer les interconnexions entre retenues.
Il s’agit de procéder à des transferts à partir de barrages mieux « dotés » en eau ?
Effectivement. Pour ce qui est du barrage d’Apremont, depuis 2016, il bénéficie d’eau du Sud Vendée, des barrages de Mervent et de l’Angle-Guignard : 15 000 m3 d’eau en moyenne par jour sont transférés vers Apremont. Mais nous sommes capables d’en « envoyer » jusqu’à 35 000 m3 par jour ! Comme en 2016, nous avons réutilisé cette procédure. Ce qui représente, entre la fin juin et septembre, un transfert d’eau de plus d’un million de m3 ! Mais d’ici la fin octobre, un autre moyen va être utilisé pour prévenir d’éventuelles pénuries d’eau…
Nous avons racheté la carrière de La Tranquillité à Saint-Christophe du Ligneron. Une ancienne sablière d’une capacité de stockage d’un peu plus d’un million de m3 d’eau, qui va être raccordée au barrage d’Apremont. Une autre carrière, située à côté, nous intéresse également : nous espérons la racheter d’ici un an. Ainsi, nous aurions potentiellement des stocks d’eau de près de 2 millions de m3. Nous nous rapprocherions ainsi d’un niveau équivalent à celui du barrage d’Apremont.
En tout cas, ce nouvel outil vient en complément des transferts interbarrages. Autant d’investissements nécessaires pour éloigner la menace de pénurie d’eau. Un risque toujours présent, compte tenu de l’accroissement régulier de la population vendéenne.