« L’émaillage est possible sur tous les cadres »
LC : Que peut-on faire s’il y a une fissure ou un dommage sur un tube ? JPLV : Je me refuse à faire quoi que ce soit sur du composite. En revanche, sur un cadre en métal, on peut toujours remplacer le tube endommagé. On coupe au plus près des soudures, puis on les ponce jusqu’à les faire disparaître. Ensuite, on refait un ajustage précis du tube à remplacer. Mais, si la première fois, on remplace un seul tube, si on casse à nouveau le même, nous sommes assurés de devoir en remplacer un second, voire trois suivant la localisation et l’épaisseur des autres tubes. En effet, on chauffe beaucoup et repasser à la soudure n’est pas sans effet. Bref, réparer une fois un cadre, c’est déjà bien. Après, cela devient compliqué et coûteux. Même si c’est possible… LC : Modifiez-vous les cadres, leur géométrie, leur équipement ? JPLV : Non. Si techniquement on pourrait modifier la géométrie du cadre, le résultat ne serait pas satisfaisant. Il m’arrive cependant de rendre des cadres compatibles avec les transmissions électroniques EPS ou Di2. On peut par contre changer les pattes. Sur des VTT conçus pour des V-Brake, j’ai même pu fixer des pattes pour les disques. Sur la route, ce ne sera pas possible. LC : L’émaillage est une possibilité pour remettre en état son matériel. Quelles en sont les limites ? JPLV : Cela permet de redonner un coup de neuf à son matériel s’il a bien vécu, voire de donner la sensation de disposer d’un nouveau vélo sans changer de cadre. On fait tout ce qu’on veut en matière de décoration sauf le chromage. C’est une opération qui est possible sur tous les cadres, même s’il existe des spécificités en fonction des matériaux. LC : Lesquelles ? JPLV : On commence les opérations de peinture par le « sablage ». En fait le terme est impropre, car si on utilise de la grenaille sur les cadres métalliques, on passe les cadres carbone au papier de verre. On « use » manuellement la décoration d’origine. On passe une petite heure dans la cabine de sablage pour du métal ; on passe une journée avec le papier de verre pour le carbone ! LC : Cette usure est-elle sans danger pour le cadre ? JPLV : Nous faisons attention. À la sableuse, nous travaillons vite pour ne pas perdre en épaisseur, même si une fine couche de métal part… La grenaille est projetée à haute vitesse et érode quand même la structure. C’est quelques centièmes d’enlevés, sur un acier de 4/10 cela peut faire la différence, comme pour un alu ou un titane. En tout cas, je ne recommande pas plus de deux réémaillages pour un cadre. Après, on a trop travaillé la structure. Sur les cadres en carbone, nous enlevons la peinture et nous attaquons ensuite le vernis. Mais nous n’allons jamais jusqu’à la fibre. Sur les cadres métalliques, on peut toujours envisager une présentation « matériau nu » (inox et aluminium brossé, titane microbillé). Avec le carbone, il faut savoir