Lune de miel à vélo

Saint-Étienne (Loire) – Lui est cadre dans l’industrie, elle est infirmière. Afin de fêter à leur manière leur mariage, les époux Rico ont eu l’idée, il y a quelque temps, de réaliser un tour d’Europe à vélo en six mois. Rencontre.

Tous deux sont passionnés de vélo. Depuis plusieurs années, Jean-Pierre et Marie-Christine Rico roulent sur de petites périodes. La première fois, ce fut pour « faire les châteaux de la Loire ». Mais là, il s’agissait d’autre chose, un tour d’Europe, prévu tout d’abord sur 8 000 km, qu’ils ont préparé pendant un an. Mais 2 000 km supplémentaires sont venus se greffer au projet. « Tout seul, je ne l’aurais pas fait », nous confie Jean-Pierre. Dans un premier temps, il a fallu tester et acquérir le matériel adéquat pour porter le matériel de couchage. Résultat, les engins pesaient 17 kg. « Nous avions décidé de privilégier le camping afin de réduire les frais. » Le plan de départ prévoyait des étapes journalières de 60 km. Départ donc un 12 avril de La Talaudière, à quelques encablures de la ville des Verts. Le couple passe en Italie, puis en Albanie. Or la route qui longe la côte présente sans arrêt des montées et des descentes, « si bien que nous sommes obligés de donner des affaires pour nous alléger ». La chaleur est étouffante, 38, 40 °C, ce qui les oblige à partir à 5 heures pour éviter en partie cette canicule. « Il nous a fallu boire 6 litres d’eau par jour. » Puis c’est l’arrivée en Turquie, qui présente deux visages. « D’un côté, la gentillesse des habitants, certains nous ont hébergés chez eux. De l’autre, la nervosité des conducteurs, on nous a fait des queues de poisson, c’est la loi du plus fort qui y règne. » Et puis, des chiens les ont agressés. Quant aux routes, elles sont défoncées, ce sont parfois des pistes. Même chose en Roumanie. Moment de frayeur en Hongrie, les Rico y sont au moment où les autorités font ériger un mur antimigrants sur la frontière avec la Serbie. « Un jour, nous sommes dépassés par une colonne de blindés. Nous apprenons que l’armée déploie des troupes pour endiguer le flot de migrants. » Arrivent la traversée de l’Autriche et de l’Allemagne, avant le retour au bercail, et une surprise en Croatie où « l’on nous déconseille d’emprunter la côte entre Rijeka et Dubrovnik à cause du vent violent, la “bura” ». Ce périple de six mois représente 180 nuits dont un tiers a été passé chez l’habitant, un tiers en camping sauvage, un tiers en camping. « En Grèce, nous avons dormi dans une chapelle, en Turquie sur la pelouse d’un restaurant, en Autriche dans un cimetière ! » Nos aventuriers ont circulé dans 18 pays, 7 capitales et ont utilisé 8 monnaies. Ils n’ont pas été malades et ont eu peu d’incidents mécaniques et de crevaisons. « Bien entendu, nous avons perdu du poids, en ce qui me concerne 12 kg » , précise Jean-Pierre.