Nicolas Roux
39 ans, ambassadeur pour les marques Mavic, Canyon et la station des Saisies, vainqueur de multiples cyclosportives dont l’Étape du Tour, l’Ardéchoise, la Time Megève Mont-Blanc
Le Cycle : Au printemps, vous avez tiré la sonnette d’alarme sur une certaine dérive de l’ambiance dans le cyclosport. Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
Nicolas Roux : Je pratique le cyclosport depuis une quinzaine d’années. J’étais déjà à l’origine du Team Scott-Les Saisies, qui avait vu le jour en 2003 avec une bande de copains. Par rapport à cette époque où il y avait certes de la compétition mais une ambiance plutôt conviviale, je trouve que maintenant, c’est devenu très tendu. Surtout, ce qui m’alarme, c’est que j’en vois certains qui prennent des risques inconsidérés pour être devant ou faire la différence. Il n’y a plus beaucoup de respect entre coureurs, comme décider de s’arrêter ensemble à un ravito pour remplir les bidons. Désormais, c’est chacun pour soi.
L.C. : Cela peut-il mettre en péril l’existence même des cyclosportives ?
N.R. : Malheureusement, oui ! Si les accidents se multiplient et si les incivilités sur la route se généralisent, les organisateurs ne pourront plus avoir d’autorisation, à l’avenir. Sur route ouverte, c’est trop dangereux ! Et cela rejaillit même sur l’esprit de certaines épreuves. Les gens ne prennent plus le repas ou n’assistent plus à la cérémonie des récompenses. La convivialité se perd.
L.C. : Votre statut d’ambassadeur auprès de plusieurs marques ne suscite-il pas de la convoitise chez certains qui aimeraient être à votre place et prennent des risques pour se faire voir ?
N.R. : Je sais bien que certains imaginent que je suis payé pour ne faire que du vélo, mais ce n’est pas vrai. J’ai mon entreprise et j’effectue des missions pour Mavic notamment, je développe du matériel, j’accompagne la presse lors des lancements. C’est le cas aussi avec d’autres partenaires. Certes, j’ai du temps pour rouler, mais ce n’est pas le cyclosport qui me fait vivre !
L.C. : Quel est votre avis sur les Championnats du monde Gran Fondo qui ont eu lieu en France cette année ? Y avez-vous participé ?
N.R. : Non, cela ne m’intéresse pas. J’ai couru de nombreuses années en Élite chez les amateurs, et dans mon esprit, les titres de champion du monde sont à réserver aux meilleurs coureurs de la planète. Ce n’est pas une bonne chose que d’associer ce type de compétition avec le cyclosport. Cela n’a rien à voir avec l’esprit de la discipline.
L.C. : Que préconisez-vous pour que l’état d’esprit change ?
N.R. : Il faut réunir tous les acteurs de ce milieu autour d’une table pour discuter de l’avenir, trouver des solutions avant que des accidents trop graves ne surviennent. Je pense que notre discipline doit se remettre dans un chemin plus sage pour que nous puissions continuer à pratiquer notre passion dans les années à venir.