Rouler contre le vent
Plus que la nature du terrain ou l’humeur des coureurs, le vent donne sa forme au peloton. Le placement dans le groupe permet de garder sa place ou d’attaquer. Comprendre la logique des éventails et des relais face au vent vous donne les moyens d’anticipe
Q u’est-ce qu’un peloton ? En première approximation, on dira évidemment que c’est un groupe de coureurs. Mais ce groupe est, à l’image de toute foule en général, plus que la somme des unités qui le composent, il a sa cohérence et ses règles propres, il s’agit presque d’un organisme vivant. Le peloton s’ajoute au nombre des coureurs, lesquels contribuent à la fois à leur effort propre et à l’animation de cet étrange être supérieur. Trêve de mystique. Si le peloton se meut, c’est qu’il est meuble. S’il est mobile, c’est qu’il est plastique. À défaut d’une âme, il possède donc sa propre consistance et s’adapte à son environnement physique. Les circonstances qui en font varier l’aspect sont de deux sortes. Considérons d’abord le terrain luimême, c’est-à-dire la route. Celle-ci est plate, montante ou descendante, plus ou moins large ou étroite, sinueuse ou rectiligne, et surtout constamment changeante. Voyez comme les lois qui semblent régir la progression du peloton évoquent celles de l’hydraulique ; voyez comme il coule de part et d’autre des rondspoints ou à l’amorce des virages, et comme il se rétrécit en un mince filet. Puis il y a le vent qui impose au peloton des changements de forme. Du peloton compact, ramassé sur lui-même, à ces mouvements souples d’anguille, le vent influe sur la forme du peloton jusqu’à parfois le fractionner. En tant que coureur, il vaut mieux connaître les tendances, les intentions et les règles selon lesquelles le peloton progresse, afin de se donner une chance de l’accompagner. Essayer de ne pas aller contre sa volonté pour, plutôt que d’en être éjecté, en être partie intégrante jusqu’au bout. Ou alors, au contraire, pour lui fausser compagnie.