Une course d’avocats
Repos ou lynchage médiatique ?
La campagne des Classiques fut cette année des plus exaltantes avec en prime la victoire de Julian Alaphilippe. Voilà un coureur à panache qui fait souffler un vent de fraîcheur sur le peloton. À l’image d’un Peter Sagan, ses prises de risque, mêmes infructueuses, enflamment le scénario d’une épreuve. Le sport a besoin de héros, et dans le cyclisme, nous sommes ces derniers temps particulièrement gâtés ! Va-t-on pouvoir ressentir la même excitation sur les Grands Tours ? La mesure prise par l’UCI limitant le nombre de coureurs est censée avoir des effets bénéfiques sur le déroulement des épreuves de trois semaines. Le Giro nous a déjà donné quelques indications, mais qu’en sera-t-il du Tour de France ? Encore faut-il que la course ne soit pas polluée par la présence de Christopher Froome, dont l’équipe cristallise toutes les attentions. La participation du quadruple vainqueur du Tour de France, traînant dans son sillage un contrôle anormal sur la dernière Vuelta, ramène le vélo dans la rubrique des faits divers. Quand une batterie d’avocats prend la défense d’un résultat et impose à la justice sportive son tempo, où sont les valeurs du sport ? Compte tenu des enjeux, on comprend que tout coureur ait le droit de se défendre. Mais pour garantir un climat plus serein, les instances juridiques du cyclisme ne devraient-elles pas imposer leur rythme afin d’agir de manière plus réactive dans le but de sauvegarder l’intérêt de la discipline. Imposer le repos à un coureur soupçonné de triche lui éviterait d’être classé parmi les indésirables, ainsi qu’un lynchage médiatique.