Le Cycle

10 000 cols à son actif !

Roanne (Loire) – Originaire de Cours-la-Ville, dans le Rhône, et installé dans l’une des deux sous-préfecture­s du départemen­t ligérien, Pierre Brivet a une passion : escalader des cols.

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Pierre Brivet est un ingénieur formé à l’École centrale de Paris. Il travaille dans diverses entreprise­s, puis se met à son compte à 38 ans et crée une structure, le groupe du Formont, un ensemble de 240 personnes qui oeuvre dans le domaine de l’électricit­é. Pourquoi le Formont ? « C’est le point culminant de la région de Cours-laVille. » Il pratique le vélo depuis son jeune âge et se paie sa première difficulté, le col du Pavillon, située à la sortie de son village. Puis il enchaîne avec le Tour de France cyclo en 1978. « Un vrai tour de la France, 4 840 km en 21 jours. » Bien entendu, c’est l’escalade classique des cols alpestres et pyrénéens. Il effectue ensuite un tour d’Europe en 1980, en 5 mois et 17 850 km, qui succède à diverses incursions dans les pays limitrophe­s. Ceci l’amène à une randonnée Europe-Asie, du 25 avril 1983 au 12 mai 1984, 34 700 km en 384 jours. Au programme, l’Italie, l’ex-Yougoslavi­e, la Turquie, la Grèce, le Moyen-Orient, le Pakistan, l’Inde, le Bangladesh, la Jordanie. Au total, 40 pays. « La Turquie, c’est dangereux, on va vous voler, peut-être vous tuer » , lui dit un paysan grec. C’est pourtant dans ce pays que Pierre Brivet trouve un accueil et une gentilless­e extraordin­aires. En Jordanie, il franchit un col à - 360 m, « en dessous du niveau de la mer donc, sans doute le col le plus bas du monde » . Beaucoup plus dur, le Babusar Pass, au Pakistan. Le goudron s’arrête à 950 m, le sommet est à 4 173 m. « Il me faudra trois jours pour faire l’aller-retour. » Puis il pousse vers l’Inde. « Le vélo a constitué un curieux passeport, et la curiosité des douaniers l’a emporté sur leur conscience profession­nelle. Il intrigue les enfants et les adultes qui s’agglutinen­t autour à chacun de mes arrêts. On cherche un hypothétiq­ue moteur dans les sacoches et on pense que les bidons contiennen­t de l’essence ! » Pierre Brivet répond en se tapant les cuisses, et on le regarde l’air incrédule… Quant aux routes, elles sont faites de manière rudimentai­re avec des blocs de pierre débités à la main par des hommes, puis morcelés au marteau par des femmes et des enfants. « J’ai cassé seize fois mes porte-bagages et aussi mon axe de roue arrière. Mes 12 kg d’outils et de pièces de rechange m’ont permis de m’en sortir. » Quelques moments de frayeur en Inde où il a vu « sur la route deux fois un cobra royal, la tête levée, et aussi un crocodile surgir d’une rivière, tout près de [lui] » . Il s’est aussi rendu en Amérique du Sud où il a monté le Ticlio Pass, à 4 848 m d’altitude. Situé à la sortie de Lima, au Pérou, il s’étire sur 171 km ! « Là aussi, trois jours pour le gravir, progressiv­ement, à cause de la raréfactio­n de l’oxygène. » Tout ceci constitue un total de 1 024 cols montés et 500 000 km parcourus, rien que ça ! À bientôt 62 ans, Pierre Brivet continue de rouler, mais son objectif maintenant est de prendre sa retraite.

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