L’équipe continentale professionnelle Vital Concept
met en avant et en application ce cyclisme d’entraînement avec les cyclos sous l’impulsion de son manager Jérôme Pineau, 38 ans, 13 Tours de France à son actif, ex-coureur pro et diplômé en management.
L’équipe pro qui a vu le jour le 1er janvier 2018 a installé son siège, le Vital Concept Cycling Club à Theix, près de Vannes, et est ouvert à tous. « La base historique de l’équipe, c’est le club de Loudéac, avec 250 licenciés de toutes catégories et du vélo pour le plaisir, de compétition ou pas. Le vélo berce la vie de tout le monde dans notre large club dont l’équipe pro fait partie. On a monté cette équipe sans s’éloigner de notre monde amateur et cyclosportif existant pour lui rendre ses lettres de noblesse. De quoi rêve un cyclo qui a essayé un jour de performer ? D’abord, de se rapprocher des conditions d’exercices d’un professionnel avec les mêmes outils. C’est pour cela qu’on a pensé à faire un centre de performance convivial, lieu de rencontres, pour rapprocher et tisser des liens entre pros et amateurs. C’est open. C’est plus que du “rien-à-cacher”, c’est du “tout-àpartager” », confie-t-il. Le lieu est donc ouvert au public à côté des ateliers, bureaux et hangars où sont stockés les vélos et véhicules. C’est un club-house qui est de fait une vraie fan zone. Un espace privilégié de supporteurs ou d’admirateurs. Ceux qui sont là, en cuissard ou pas, peuvent librement voir les courses télévisées ou lire la presse spécialisée et les
commenter en live. « C’est une sorte de bistrot sans la bière, mais avec le houblon breton du vélo. On a aussi une boutique qui est en ligne. Ça tape le bout de gras sur l’épreuve passée ou à venir, pro ou cyclo. L’idée générale, c’est plutôt que de laisser le public au bord du terrain ou derrière des barrières, lui qui rêverait de taper dans la balle avec les joueurs mais ne le peut pas, de le faire dans le vélo, sport populaire et gratuit. C’est tout bête, mais visiter un endroit où les coureurs passent, font de la musculation, règlent leur vélo, font des tests sur home-trainer avec les entraîneurs, partent aux compétitions ou en reviennent, c’est quelque chose. Alors, quand vous leur proposez une bonne partie de la même chose pour eux, ça rend heureux et ça fédère. » , se réjouit Jérôme Pineau. Tout près du golfe du Morbihan, au centre, on trouve des « réguliers » mais aussi des visiteurs du « club-entreprises », comme chez Wanty. « Les entrepreneurs qui aiment le vélo et qui n’ont pas les moyens de mettre leur logo sur le maillot, en échange d’un billet d’entrée bien plus modeste, ont droit à des prestations au centre de performance, sur le bord de la route avec notre fameuse Glaz Box, une grande loge mobile aux couleurs de l’équipe, sur les départs et arrivées de certaines courses. C’est aussi la possibilité d’avoir accès aux coureurs pour un séminaire, la présentation d’une nouveauté. On a calqué cela sur les sports collectifs où cela marche bien. Il manquait un centre d’attraction et de ralliement. C’est fait avec le centre et la Glaz Box. Au bout de trois mois, on avait déjà 28 entreprises au club, c’est dire si c’est attractif ! On a créé des challenges par équipes avec nos home-trainers simulateurs “élites”. Cela se développe bien. Le premier était en mai pour Orbea, notre fournisseur de cycles » , se félicite l’ancien pro. Partant de la comparaison avec celui qui fait du karting et qui aimerait être dans les mêmes conditions qu’un pilote de F1, le manager invite les cyclosportifs qui veulent « faire le métier » et passer des tests pour connaître leur potentiel à venir à Theix pour mieux se comparer entre eux et aux pros. « Si un rendez-vous a été pris via notre site Internet, nos jeunes entraîneurs, Fabien et Rémi, peuvent être à leur disposition. On a trois types de tests complets, avec exercices de gainage dans notre salle de sport attenante, ou détermination des seuils, ou positionnement ergonomique. Dans cet accompagnement, on a aussi des vestiaires au centre, et les cyclos sont invités à partir de chez nous pour des sorties où je vais de temps en temps comme certains coureurs pros qui sont là régulièrement pour faire le point » , détaille-t-il. La communication n’est pas en reste, et l’équipe a investi dans une cellule plutôt moderne. « On les appelle les “WhatsApp” en interne. Ce sont un designer, un directeur marketing et un community manager pour animer et fédérer les communautés sur le Web. On a aussi un attaché de presse connu, le journaliste Frédéric Adam, mais son boulot va au-delà, puisqu’il s’occupe d’un autre vecteur. On va dans les collèges et les lycées de Vannes, Nantes et dans les quartiers difficiles faire des journées rencontre et des sorties à vélos, avec Bryan Coquard et Julien Morice. C’est de la détection aussi. Le champion de demain est peut-être du Mali et scolarisé dans le quartier de Malakoff, qui sait ? Certains enfants ont fait 15 km et ont vu pour
la première fois ce qu’il y avait au-delà de la Loire après l’avoir traversée sur les ponts. Si parmi les 500 jeunes qu’on va voir, certains se licencient ou s’investissent dans le vélo, c’est un pari gagné aussi. C’est notre volet social qui nous tient à coeur. Quand j’étais collégien, cela a été compliqué pour moi, et je m’en souviens. Ce n’est pas une opération de communication, c’est personnel », explique le directeur de la structure. Quand Jérôme Pineau était coureur, il assume avoir vécu dans un monde parallèle distant en le regrettant et il ne souhaitait surtout pas reproduire ce schéma
dans la structure qu’il a créée. « Avec les outils comme Strava, plein de pratiquants se comparent aux pros et veulent comprendre. Il faut se rencontrer, discuter. Ils ont aussi des choses à nous apprendre. On n’est pas au sommet d’une pyramide. Le vélo, c’est linéaire et riche, avec un partage et des interactions. Il existe des élites, certes, mais dans une pyramide, on ne voit pas les étages du bas. En vélo, si. C’est humble, et on peut, on doit s’inspirer les uns des autres, qu’on soit cyclo ou pro. Ce n’est pas anodin si on est installé en Bretagne, pays de ferveur. C’est cela qu’on recherche : de la connivence. La réussite du côté sportif est détachée chez nous de celle philosophique du projet. Ce ne sont pas les résultats sportifs qui font et feront notre réussite, même s’ils vont suivre. Ce n’est pas qu’une image et un style non plus notre équipe. Mais ils sont déjà bien installés après quelques mois d’existence. C’est un tout. Ceux qui passent nous voir comprennent. Nous invitons les autres quand ils veulent. »