Gravel
Le gravel, qui rassemble les cultures de la route, du cyclo-cross, du VTT et du vintage, se développe progressivement dans l’Hexagone. Nous vous faisons un panorama technique des influences du marché de cette nouvelle pratique vraiment très agréable.
Pour ceux qui auraient décroché du peloton du développement du marché, le gravel est un nouveau type de vélo pluridisciplinaire. Cette machine vous permet au cours de la même sortie de rouler sur des routes asphaltées et non bituminées, des chemins forestiers et sentiers, des singles tracks, des pistes larges (voies vertes, voies de défense des forêts contre l’incendie)… En quelque sorte, c’est le vélo avec lequel vous pouvez pédaler où bon vous semble. Cette nouvelle catégorie de produits présente aussi des caractéristiques techniques. Le cadre, selon les marques et leur histoire, dispose de géométries plus orientées cyclosport, VTT ou cyclo-cross. Sa forme générale est celle d’un vélo de route avec une coupe plutôt endurance. On retrouve des châssis droits ou sloping, une douille de direction plus haute ou classique, des bases courtes ou allongées. Certains fabricants adaptent le meilleur de chaque secteur et proposent des produits dont la polyvalence constitue un vrai atout. Le matériau est plus varié que sur la route. On trouve de l’acier, du titane, de l’aluminium, du carbone et même du bambou. Chaque matériau offre des avantages et des inconvénients, et il faudra faire des compromis quant au comportement du vélo. On peut largement choisir en fonction de son budget, de sa pratique et de son style. Aujourd’hui, les maîtrises des matériaux permettent de spécialiser, de typer le cadre.
ROUES ET PNEUS, L’ÉLÉMENT CLÉ DU GRAVEL
En gravel, il est vrai que le code laisse de côté l’esprit course pur, et le confort tient une place importante dans les composantes des produits. Toutefois, après avoir roulé plusieurs gravel bikes, le dynamisme doit tenir un rôle primordial dans le comportement, à moins de faire le choix de ne rouler qu’en mode
cruising sur de longues pistes peu vallonnées, ce qui est tout à fait louable et fait aussi partie de l’âme de la discipline. Mais comme le gravel incite souvent à la relance sur les parcours, le dynamisme généré par la géométrie, la rigidité et les choix techniques sont les points communs de nombreuses montures. Si la notion de légèreté est toujours le cheval de bataille des pratiquants (et des fabricants), il faudra à notre avis plutôt opter pour un vélo avec du confort vertical, tout en maintenant une rigidité latérale propice aux relances. Enfin, le train roulant, c’est-à-dire l’ensemble roues-pneus, est encore plus important que sur la route, comme en cyclo-cross et en VTT. C’est la touche finale d’une machine agréable et polyvalente. Le tubeless tout comme le frein à disques sont incontournables. Pour le premier, déjà parce qu’il est plus fiable qu’une chambre à air, et surtout parce qu’il va participer au confort général et au grip sans nuire au rendement. Pour le second, vu les conditions météo et les dénivelés très variables que l’on rencontre en gravel, cette technicité est de rigueur sur le vélo. Les constructeurs intègrent les disques hydrauliques en 140 ou 160 mm montés en Flat Mount. Les axes traversants, ou thru axles, sont (presque) devenus la norme.
LE MONOPLATEAU RÈGNE SUR LA DISCIPLINE
En ce qui concerne les sections et les pressions, elles se font en fonction des préférences de chacun. Pour les novices, on considère que pour une pratique majoritairement route avec des chemins durs, le 700 x 30 mm est adapté. En incluant plus des sentiers pavés, rocailleux, chemins forestiers à vos sorties, les sections de 700 x 35, 700 x 40 sont à choisir. Enfin, si vous roulez majoritairement sur les single tracks
>> rocailleux où l’adhérence est variable avec des circuits vallonnés, le 650x 47 sera plus adapté. Hutchinson, Mavic, Schwalbe, Panaracer, Specialized, Clément… les manufacturiers proposent aujourd’hui de nombreux modèles dans toutes les dimensions et toutes les sculptures possibles. Les dessins des chapes privilégient le grip ou le rendement. La dimension des roues et des pneus modifie le rendement, le grip et le comportement du vélo. Pour une efficacité de roulage mais avec un faible grip, on associe un grand diamètre de roue et une petite section de pneu. Pour une efficacité de roulage moins bonne mais avec un excellent grip, on combine un petit diamètre de roue et une section importante. Pour la transmission, les inconditionnels du gravel préfèrent le monoplateau. Transmission épurée et simple à gérer dans tous les profils de parcours rencontrés. Le fabricant Sram est évidemment à la tête de l’offre ad hoc. Mais on peut adapter un plateau spécial, comme chez TA (X One110), à l’image de ce qui se fait en cyclo-cross pour ceux qui souhaitent conserver une transmission Shimano. Pour ceux qui restent routiers dans l’âme et rouleront peu en « rough dirt » comme on dit et sur chemins carrossables, le double plateau (compact) s’avère une option possible, à l’instar de Canyon qui propose son Grail avec ce type de transmission. Les 11 vitesses sont la norme et la majorité des vélos du marché se retrouve donc avec un seul levier combiné sur le cintre, à l’image des vélos de montagne épurés des pros de l’équipe Once.
UN MELTING-POT DE CULTURES CYCLISTES
Le cintre du vélo gravel, avec peu de drop et très évasé en bas pour maîtriser le vélo en descente, constitue la marque de fabrique du secteur. En tant que routier, on a une petite préférence pour le guidon de course traditionnel, mais celui du gravel fait partie du « dress code » de la discipline. Après un petit temps d’adaptation, on s’y fait vite. Enfin, l’effervescence pour le gravel touche tous les acteurs du cycle, en particulier ceux du textile. À la croisée des tendances route, VTT, vintage et fashion, les vêtements sont techniques et modernes. Alors si vous vous lancez dans l’aventure, il y a fort à parier que vous aimerez cette pratique, car celle-ci rassure le routier sans grand bagage technique (et qui galère en VTT), intéresse le cyclo qui veut rouler partout et titille le vététiste qui maîtrisera les zones techniques. Le gravel est dans les tous les cas une spécialité avec un état d’esprit intéressant par le meltingpot des cultures dont il s’inspire. Que ce soit techniquement, culturellement ou dans le style, embrassez totalement cette pratique et vous ne pourrez être déçu. Vous pouvez même vous laisser pousser la barbe ou la moustache et vous serez fin prêt pour les longs « ride »!