La rue Carnot rendue aux piétons
Chaque dimanche du mois d’août, la rue Carnot devient piétonne. Une expérience qui séduit visiteurs et commerçants. Mais pas tous !
Dimanche, la rue Carnot était fermée à la circulation de 10 h à 19 h. Riverains et touristes pouvaient flâner sur la chaussée en toute liberté. Une opération baptisée par la mairie No car rue Carnot. Presque une révolution. Car si cette portion de rue pavée ne dépasse guère cent mètres, elle constitue un axe de circulation privilégié pour rejoindre le pont Clemenceau.
Améliorer l’environnement
Jean-Louis Crombez, qui tient avec son épouse un magasin de bijoux fantaisie et préside l’association de commerçants de la rue Carnot, approuve l’initiative. « Cette rue devrait être piétonne plus souvent. Tout le temps, non, mais juin-juilletaoût, ce serait super, et pourquoi pas dès le samedi. » À condition que la mairie améliore l’environnement. « Il faudrait la rendre plus attrayante, changer les bacs à fleurs, améliorer l’éclairage. Regardez la rue de la Boucherie ( qui donne vers les quais, NDLR), il y a des bagnoles, des poubelles, des crottes de chien… » Et pourquoi ne pas organiser des nocturnes ? « Fermer à 19 h, c’est un peu tôt pour les terrasses. »
Murat Yormaz, le marchand de livres d’occasion, se réjouit de la mesure, même si elle n’a guère d’incidence sur son activité. « Depuis quatre ans, j’ouvre les dimanches d’été et j’ai une progression de ma clientèle. » Les touristes, français ou étrangers, sont séduits par le côté bric-à-brac sympa de sa boutique. On peut fouiner, prendre son temps et même s’asseoir. « Quand vous entrez ici, vous ne savez ni ce que vous cherchez, ni ce que vous allez trouver. » Les dimanches 20 et 27 août, Murat conviera des écrivains locaux à une séance de dédicaces sur le seuil de sa boutique.
Maurice et Francine, deux Vernonnais attablés à la terrasse du Parisien, reviennent juste de vacances : « On prend l’apéro avant de rentrer chez nous. C’est agréable, il fait beau, on en profite. » Benjamin Dubert, le patron de la brasserie, a disposé ses tables au milieu de la rue et fait venir un orchestre. « C’est sympa, on respire mieux, les musiciens mettent l’ambiance. D’habitude, le dimanche, c’est mort. » Rendre la rue aux piétons toute l’année ? « Ce serait génial. Les gens roulent à une vitesse folle. » Metin Yazici, gérant du restaurant Délice’Doy, en face, acquiesce : « Elle est belle, cette rue piétonne, mais les voitures passent trop vite, ça gêne les clients. Pourquoi pas les autres dimanches, voire tout le temps ? »
D’autres sont plus réservés. « Côté tabac, ça nous pénalise » , déplore Bella Benset, patronne du Rallye, le bar-tabac situé à l’entrée de la rue piétonne, place Barette. « Les gens qui ont l’habitude de venir acheter des cigarettes, ça les oblige à tourner à gauche, puis encore à gauche, c’est un vrai labyrinthe, ajoute Hugues Benset. Une rue piétonne n’a d’intérêt que si elle attractive : la rue Carnot n’a pas assez de commerces. »
À l’autre extrémité, la boulangerie du Vieux Moulin s’en sort mieux. « Pour l’instant, je ne me plains pas, déclare la souriante Michèle Coutanceau. J’ai eu énormément de monde ce matin, mais on est pratiquement les seuls ouverts avec Rose et les Ducs de Normandie. On en reparle dans quinze jours quand mes collègues vont rouvrir ! » Elle prévient : « Il ne faudrait pas que ça devienne une habitude, sinon notre quartier, il ferme. »
« Les voitures passent trop vite » « Un vrai labyrinthe ! »