J.-C. Mary : « Halte au TRIBUNE. cosmétique vert, M. Lecornu ! »
Une lecture rapide d’une récente interview de Sébastien Lecornu dans le quotidien régional normand donnerait à penser que nous avons affaire à un Secrétaire d’Etat à la transition écologique réaliste et plein de bon sens. Pourtant, on constate vite,(…) si on y prête attention, que s’il ne nous délivre aucune information (orientations, actions, budget), par contre, il construit surtout son image.
Comment se présente-t-il dans son nouveau rôle ? Il reste un « élu de terrain » , ancré dans son territoire, attaché aux territoires (il a même été voir les incendies cet été dans le sud) mais qui reste modeste ( « j’apporte ma pierre … à cette aventure » ) : l’habileté du grand communicant qu’est M. Lecornu est qu’il ne met pas le mot modeste mais que le lecteur le met spontanément lui-même. Le poncif des discours officiels , « apporter sa modeste pierre à l’édifice » , est tellement connu.
Un homme modeste, un homme comme le citoyen, un homme qui protège le citoyen de ceux qui voudraient le déposséder de l’écologie : « L’écologie n’est pas l’affaire de grands scientifiques ou de quelques associations sachantes » . Pourtant, ce sont bien les scientifiques qui nous avertissent des dégâts environnementaux causés par nos activités irresponsables ? Rachel Carson a écrit en 1961 «Le printemps silencieux» mais l’agriculture industrielle française consomme encore 80 000 tonnes de pesticides par an. N’est-ce pas le GIEC, ce regroupement mondial des experts du climat, qui nous exhorte à prendre conscience des conséquences du changement climatique qui affecteront au plus tard la génération de nos enfants. Ces fameuses associations sachantes, (FranceNature environnement, la LPO, Négawatt etc..), dont M. Lecornu se gausse (…), ferait bien de prendre langue avec elles car elles ont souvent atteint un niveau d’expertise qui leur permet de proposer des solutions viables et durables, pragmatiques. (…)
Mais le pragmatisme de notre secrétaire d’Etat est un un pragmatisme d’une autre nature, c’est un pragmatisme de l’acceptation des intérêts établis : « La transition écologique n’est ni de droite, ni de gauche, elle n’appartient pas plus aux entreprises ou à la puissance publique, elle appartient à chaque citoyen, elle est notre quotidien. » Non M. le secrétaire d’Etat, la transition écologique n’est pas en dehors de tout conflit, elle sera de droite ou de gauche ou des deux quand enfin ces forces politiques s’en empareront que comme autre chose qu’un affichage de bon aloi ou d’un cosmétique vert. Non M. Lecornu, il ne suffit pas de ne pas laisser couler l’eau quand on se lave les dents, il faut aussi se préoccuper de ceux qui en consomment la plus grande part, l’agriculture productiviste et les centrales nucléaires. Pour ne donner que cet exemple de notre bien le plus précieux.
Les silences de Nicolas Hulot sont assourdissants. Nous attendons qu’il prenne la parole, une parole, espérons-nous, qui renoue avec le courage de faire prévaloir la santé de tous sur le profit de quelquesuns, les intérêts des générations futures sur les ceux des lobbies industriels et agroindustriels. (…) On n’attend pas de vous, M. Le Secrétaire d’Etat, que vous nous garantissiez votre non-dogmatisme - nous en sommes convaincus - mais des propositions à la hauteur des enjeux : changement climatique, crise de la biodiversité, objectif 100 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2050.