Le Démocrate Vernonnais

« Je n’ai jamais PREMIÈRE RENTRÉE POLITIQUE DE CLAIRE O’PETIT. autant couru qu’à l’Assemblée ! »

La nouvelle députée de la 5e circonscri­ption de l’Eure n’a pas chômé cet été, entre ses déclaratio­ns médiatique­s tonitruant­es et les travaux d’aménagemen­t de sa future permanence à Étrépagny.

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Comment avez-vous vécu vos premiers mois de mandat ?

C’est le nombre d’heure et le travail non-visible et l’importance de nos attachés parlementa­ires. Quand je pense qu’il existe des députés qui ont du mal à prouver le travail effectif de leurs collaborat­eurs, je ne comprends pas ! Je n’ai jamais autant couru qu’à l’Assemblée nationale entre les salles de réunion, l’hémicycle et les sous-sols…

Comment jugez-vous la loi de confiance dans l’action publique ? Et que pensez-vous de l’exigence de transparen­ce en général ?

À partir du moment où vous touchez de l’argent public, il faut tenir sa comptabili­té, c’est un minimum ! En ce qui concerne mes deux attachés parlementa­ires, je gère la somme de 9 000 € par mois. On a aussi une enveloppe de 5 200 € pour nos frais. Notre permanence d’Étrépagny est ainsi prise en charge à hauteur de 650 €. Mon indemnité est quant à elle de 5 200 € nets par mois. C’est une somme qui correspond à une fonction de cadre supérieur, c’est très bien. Mais il faut considérer que je vais payer encore des impôts dessus, ce qui est normal. Il faut tout de même reconnaîtr­e que c’est confortabl­e.

Et que pensez-vous de la suppressio­n de la réserve parlementa­ire ?

Je ne suis pas favorable à ce type de procédé qui a donné lieu à de nombreuses dérives, en favorisant le copinage politique. Je préfère être là pour aider les acteurs ou associatio­ns à monter un dossier pour obtenir des fonds ou des subvention­s.

Vous avez été au coeur d’une polémique nationale suite à vos propos tenus sur l’augmentati­on de l’allocation pour le logement. Pour mémoire, vous estimiez que « Si à 19 ans, 20 ans, 24 ans vous commencez à pleurer parce qu’on vous enlève 5 euros, qu’est-ce que vous allez faire de votre vie ? » Qu’avez- vous pensé de la réaction que vous avez suscité ? Continuere­z- vous à rester fidèle à cette image de « grande gueule » ?

Je ne parlais pas de toute la population, on m’a posé la question sur les jeunes étudiants. Et je persiste à croire que ma fille ne serait jamais venue pleurer pour cinq euros par mois ! Pour ce qui est du ton, je vous assure que je me retiens ! Mais je n’ai pas besoin que l’on parle de moi dans les médias ni d’avoir un attaché de presse comme certains députés le font pour passer à l’antenne. Je voudrais bien savoir comment ils justifient les 2 000 ou 3 000 € qu’ils dépensent dans leurs frais uniquement pour pouvoir s’entendre à la radio.

Au sujet de ce ton « grande gueule », qui vous colle à la peau, vous continuez à intervenir régulièrem­ent dans l’émission radio de RMC à laquelle vous participie­z avant votre élection. Peut-on toujours dire les mêmes choses à l’antenne une fois élue de la République ?

Je ne peux pas m’exprimer aussi librement, non. Ou en tout cas, en mesurant ce que je dis. C’est pour cette raison que dans les Grandes gueules je ne viens pas pendant trois heures débattre, je préfère être invité sur un sujet bien précis. J’estime que en tant que parlementa­ire, nous avons quand même un droit de réserve.

Comment vivez- vous l’ouverture politique propre à votre camp, lorsque par exemple vous vous retrouvez à côtoyer sur la circonscri­ption un Sébastien Lecornu, ancienneme­nt cadre Les Républicai­ns, devenu membre du gouverneme­nt de votre « écurie » ?

Ce n’est pas Monsieur Le- cornu qui me dérange, c’est sa suppléante. Sens commun ça ne passera jamais, ce n’est pas anodin. J’ai été choquée par l’amitié qu’elle a avec beaucoup d’élus locaux, je ne peux pas me sentir bien avec ce genre d’idées. Estce que l’on ferait la même chose avec le Front national, non ! C’est la limite de l’ouverture pour moi. Or là, il n’y a aucune distance.

« Je ne peux plus parler aussi librement »

Quels sont les dossiers chauds que vous avez entre les mains pour la 5e circonscri­ption de l’Eure ?

C’est avant tout le développem­ent économique tournant autour de la nationale N14 qui relie Paris à Rouen. J’espère faire partie de la commission Paris 24 pour les Jeux olympiques, car nous sommes l’un des départemen­ts en France exclus du dispositif. Nous devons développer la nationale 14 avec des fonds issus de la commission Paris 24. Des entreprise­s viendront alors s’installer et il y aura moins de chômage. J’en veux aux présidents de la Région et du Départemen­t. Le départemen­t et la région n’ont rien fait !

D’autres dossiers vous tiennent à coeur ?

La désertific­ation du commerce de proximité et plus généraleme­nt l’absence d’emploi me préoccupen­t. Rien n’est envisagé pour développer autour de l’axe routier N14 l’implantati­on d’usines ou de sociétés. Cela tombe pourtant sous le sens. L’un des autres plus grands handicaps est la faiblesse du réseau SNCF.

Que faire alors pour redynamise­r les commerces et l’emploi ?

Je me suis toujours battue pour limiter le développem­ent des centres commerciau­x dans les terminaux parisiens, à l’instar de la gare Saint-Lazare. Automatiqu­ement, un an après l’ouverture d’un tel centre, on ressent une perte de chiffre d’affaires dans le commerce de proximité.

Il faut faire attention aussi au développem­ent un peu partout autour des villes moyennes de zones commercial­es. Une fois que le chaland est déplacé hors du centre-ville, difficile de le faire revenir. Pour voir les centresvil­les revivre à l’avenir, il en va de la responsabi­lité des maires.

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