Le Démocrate Vernonnais

Les maires disent stop

Des communes de l’Eure, dont Vexin-sur-Epte et Évreux, ont décidé de fermer au public leur mairie mercredi 4 octobre. Les maires expriment leur ras-le-bol. En cause : la baisse des dotations, de la taxe d’habitation, des contrats aidés…

- Fabienne Marie avec Lucile Akrich

Mercredi 4 octobre, les habitants de Vexin-sur-Epte trouveront porte close à la mairie des 14 communes déléguées. Une fermeture symbolique pour tirer la sonnette d’alarme. « On veut dénoncer le garrot que le gouverneme­nt serre tout doucement autour des mairies » , précise le maire de la commune nouvelle, Michel Jouyet. L’élu regrette « la remise en cause de l’autonomie financière des communes. »

Les raisons de cette grogne des mairies : la baisse des dotations, celle partielle de la taxe d’habitation, des contrats aidés ou bien encore « le non-respect des engagement­s souscrits dans les contrats de ruralité ».

À l’appel de l’Union des maires

Cette mobilisati­on est un appel lancé par l’Union des maires de l’Eure. Une façon de dénoncer « une accumulati­on de mesures qui vont empêcher les communes de poursuivre leurs investisse­ments et de maintenir leurs services envers la population » , explique le président de l’associatio­n, Jean- Paul Legendre. Une démarche « syndicale qui vise à être le porte-parole de ces élus qui vivent mal certaines mesures et qui ont parfois l’impression qu’on les dépouille de leurs compétence­s ».

Proximité

Fermer la mairie au public, c’est aussi l’occasion de signifier le « travail réalisé au quotidien par les communes ». Une proximité qui est de plus en plus « mise à mal. On nous retire les cartes d’identité, les passeports, énumère Michel Jouyet. Pour les communes rurales, c’est un lien que l’on coupe avec la population » .

Perte de recettes fiscales

Et sur le plan financier, les élus sont également inquiets : « On sait comment cela va se passer avec le système de compensati­on sur la perte d’une partie de la taxe d’habitation. Cela fonctionne la première année, et après… On ne va pas demander aux 20 % qui vont continuer à payer de compenser les 80 % restants » , sou- ligne le maire de la commune nouvelle.

Jean-Paul Legendre lui, rappelle « que la suppressio­n des contrats aidés trois semaines avant la rentrée scolaire a été très mal vécue dans certaines communes. Même si l’assoupliss­ement des rythmes scolaires a été positif, les communes ont parfois le couteau sous la gorge » . « Notre seule marge de manoeuvre désormais, c’est l’impôt foncier » ajoute Michel Jouyet. Et d’insister : « Le courage aurait été de remettre à plat la fiscalité locale mais l’État ne veut pas franchir le seuil ».

Moins d’argent, « cela veut dire aussi moins de services rendus à la population, assure le président de l’Union des maires de l’Eure. On sait par exemple que le coût de la cantine facturé n’est pas le coût réel pour les collectivi­tés. Est-ce qu’il va falloir que l’on augmente nos tarifs ? Privatiser ? C’est un choix de société à faire ».

Pour Jean- Paul Legendre, cette mobilisati­on « n’est pas organisée pour ou contre le gouverneme­nt mais elle permet de contester une accumulati­on de mesures » .

Un ras-le-bol qui s’exprimera à Évreux, Vexin-sur-Epte donc, mais pas à Vernon. « Le ministre a annoncé que la suppressio­n de la taxe d’habitation serait compensée. Cela ne changera rien pour les communes » souligne-t-on au cabinet du maire de Vernon. Pas question pour la ville du Secrétaire d’État de fermer ses portes au public en signe de mécontente­ment envers le gouverneme­nt !

À Saint-Marcel, on affirme que « les élus participer­ont au rassemblem­ent des maires et élus devant l’hôtel de ville d’Évreux. Toutefois, la mairie de Saint-Marcel restera ouverte au public le 4 octobre ».

Le rendez-vous pour les élus est fixé à 15 h devant l’Hôtel de ville de la préfecture de l’Eure. Jean-Paul Legendre affirme par ailleurs « qu’une délégation de l’Union des maires sera reçue en début de semaine prochaine par le secrétaire d’État Sébastien Lecornu ».

 ??  ?? En septembre 2015, les élus de l’Eure, Guy Lefrand en tête, manifestai­ent déjà contre les baisses de dotations de l’État. (Photo d’archives)
En septembre 2015, les élus de l’Eure, Guy Lefrand en tête, manifestai­ent déjà contre les baisses de dotations de l’État. (Photo d’archives)

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