Stationnement gratuit le vendredi dès 16h30
Il y a un an, la Ville de Vernon mettait en oeuvre sa réforme du stationnement en ville. La mise en place de nouveaux tarifs avait provoqué un tollé. Un an après, les usagers ont changé leurs habitudes. Certains commerçants ne sont toujours pas satisfaits
Mardi, 14 h. 130 places restantes au compteur du parking de la République à Vernon. Près d’un an après la mise en enclos des parkings du centre- ville, deux d’entre eux demeurent désespérément vides : le parking du Marché et le parking Collégiale. Un déficit de fréquentation que la municipalité reconnaît, même si Johan Auvray, l’adjoint en charge du dossier nuance : « La fréquentation augmente tous les mois. Le délégataire (Indigo) va faire des propositions pour remplir ces enclos qui ont un usage ponctuel » . Le samedi matin, jour de marché, 450 rotations seraient enregistrées à République : chaque place est occupée trois fois sur la matinée.
« On a vaincu la voiture ventouse »
Pour l’élu de Vernon en charge de la dynamisation commerciale, qui depuis 12 mois, s’est fait le véritable VRP du stationnement nouvelle version, la réforme de la municipalité a atteint l’objectif souhaité : « On a vaincu la voiture ventouse. Aujourd’hui, on peut venir n’importe quand dans Vernon et trouver une place de stationnement n’importe où » . À condition de payer, évidemment. « On n’a pas inventé le stationnement payant. Il existe depuis 40 ans ici ! 400 véhicules par jour ne bougeaient pas de place. Aujourd’hui, c’est fini, les clients qui veulent accéder aux commerces le peuvent » insiste Johan Auvray. « L’enjeu, c’est du service » .
Selon les chiffres livrés par la municipalité, - d’octobre 2016 à juin 2017 – 22 000 tickets payants ont été produits au mois de juin 2017. Un chiffre qui a plus que doublé en six mois. 1 500 tickets gratuits sont imprimés par jour pour la demiheure offerte. Quant au nombre d’abonnements, « il n’a cessé d’augmenter. De 100 abonnements en septembre 2016, on est passé à 450 abonnements dans toute la ville en juin der- nier » assure Johan Auvray. Dernier argument de la Ville : « Les recettes issues du stationnement sur la voirie ont triplé, de juin 2016 à juin 2017. Cela veut dire qu’il y a davantage de fréquentation. »
Voilà une donnée qui n’est pas simple à quantifier tant le ressenti au niveau des commerçants reste diversifié. Pour Sylvie Chevauché, présidente des Vitrines de Vernon, « ces changements ont permis de moderniser la signalétique, de donner une cohérence et un parking digne de ce nom sous l’Espace Philippe-Auguste. » Si la période reste difficile économiquement, Sylvie Chevauché n’associe pas les changements de tarifs du stationnement avec le chiffre d’affaires parfois en berne du petit commerce. Elle aimerait surtout en finir avec le débat autour du stationnement payant. « Il faut que les commerçants donnent une image positive et attractive de notre centre-ville. »
Pour l’autre représentant des commerçants, Jean- Louis Crombez – président de l’ARCV – « les clients ont la peur du PV. Cette réforme, ça n’a pas aidé. » Le commerçant de la rue Carnot salue « l’effort de la municipalité » qui vient de renégocier avec son prestataire Indigo pour rendre gratuit deux heures le stationnement le vendredi après-midi (16 h 30-18 h 30), mais pour ses adhérents, « ça n’est pas suffisant » . Beaucoup auraient voulu le passage d’une demi-heure à une heure gratuite.
Fuite vers la zone industrielle ?
Y a- t- il eu une fuite des consommateurs vers les centres commerciaux de Vernon et de Saint- Marcel ? Beaucoup d’usagers ont constaté l’engorgement du boulevard Jean-Jaurès qui relie Vernon à la zone du Virolet. Mais difficile de faire le lien avec les changements de tarification du stationnement. Pour Johan Auvray, adjoint de Vernon, l’enjeu de la dynamisation du centre-ville dépasse aujourd’hui l’unique problématique du stationnement. « Les gens viennent dans les commerces s’ils trouvent le sourire, la qualité, le service, du numérique, de l’accueil en anglais. Réduire son chiffre d’affaires au stationnement, c’est un peu malhonnête. Nous avons fait un geste aujourd’hui, il faut aussi que les commerçants soient prêts à innover et à jouer pleinement leur rôle dans une ville touristique. »