Le Démocrate Vernonnais

Handicap : l’enfer de la scolarisat­ion

À 8 ans et demi, Pierre (*) est atteint de troubles des apprentiss­ages. Élève de CE2, sa scolarisat­ion n’est pas une mince affaire. Cette année, il a dû changer d’école…

- Béatrice Cherry-Pellat

Troubles de l’attention, de l’orthograph­e, de la lecture, des activités numériques, de l’écriture… Pierre fait partie des 6 % à 8 % de la population française (selon les statistiqu­es de la Fédération française des Dys) à être atteint de ces troubles de l’apprentiss­age (dyslexie, dysorthogr­aphie…) et de l’attention (TDA multidys). Si dans son quotidien de petit garçon, ses difficulté­s ne se perçoivent pas au prime abord, à l’école, elles lui mènent la vie dure. « Pierre est conscient de sa différence et pourtant, il aimerait être traité comme les autres, comme un élève normal » , s’attriste Béatrice, sa maman.

Un blocage envers l’école

Domicilié à Pressagny- l’Orgueilleu­x, Béatrice avait scolarisé Pierre en maternelle dans l’école du village avant de l’inscrire à Notre-Dame-de-l’Isle. «À 5 ans, il faisait des terreurs nocturnes les nuits précédant une journée d’école, raconte Béatrice. Il faisait un blocage avec l’école. On lui a fait passer des tests qui ont révélé ses troubles de l’attention ».

Il y a deux ans, inquiète par les troubles de son enfant, Béatrice s’est renseignée auprès de l’école Jeanne d’Arc à Vernon. « L’équipe de direction voulait mettre en place des actions pour intégrer ces élèves en difficulté, se souvient-elle. J’ai trouvé la démarche intéressan­te. » Pierre fait alors sa rentrée en CE1 à Jeanne d’Arc puis l’année suivante son CE2 : « Il a fait d’énormes progrès. Sa maîtresse était bienveilla­nte, elle l’a mis en confiance et il bénéficiai­t d’une aide à la vie scolaire » . Des progrès, certes, notamment en lecture, mais pas suffisants pour intégrer le niveau supérieur.

Une orientatio­n en classe spécialisé­e

À la fin de l’année, la question d’une orientatio­n en classe Ulis (unité localisée pour l’inclusion scolaire) se pose, malgré l’opposition des spécialist­es qui suivent Pierre. Selon la procédure, la propositio­n faite par l’équipe de suivi scolaire est transmise à la Maison départemen­tale des personnes handicapée­s (MDPH). Début juillet, alors que la MDPH n’a pas encore rendu sa décision, la nouvelle tombe comme un couperet : « Par courrier, juste après la fin de l’année scolaire, l’école nous a informés que Pierre était radié de Jeanne d’Arc. Dix jours avant, nous avions pourtant évoqué le maintien en CE2 avec l’institutri­ce. Nous étions abasourdis. Il avait progressé, s’était fait des amis… Pierre n’a même pas pu dire au revoir à ses copains… » .

Les limites de l’école

Pour Nadia Fiocco, directrice de l’école Jeanne d’Arc : « Nous étions arrivés au bout de ce que nous pouvions apporter à Pierre. Pour l’équipe, il fallait qu’il intègre une classe Ulis. Lorsque nous avons envoyé le certificat de radiation de l’élève, on pensait que la décision d’orientatio­n de la MDPH était tombée, regrette la directrice. C’est douloureux pour des parents d’admettre les difficulté­s de son enfant. La meilleure chose pour Pierre est qu’il soit accepté dans une classe où les effectifs sont moindres, avec des enseignant­s spécialisé­s » . Et d’ajouter : « L’année prochaine, nous espérons qu’une classe Ulis ouvrira à Jeanne d’Arc. Si Pierre veut l’intégrer, il sera le bienvenu » .

Pas de place en Ulis

Au début des vacances d’été, les parents de Pierre s’activent pour lui trouver une autre école et le réinscrive­nt à Notre-Damede-l’Isle en attendant de recevoir l’avis de la MDPH. « La décision est tombée en septembre, après la rentrée scolaire ! Une classe Ulis a donc été proposée à Pierre seulement il n’y a pas de place. Il est inscrit sur une liste d’attente » , s’agace Béatrice ne se voyant pas changer à nouveau son fils d’école dans quelques mois si une place se libère, certaine que « la classe Ulis ne sera pas adaptée pour Pierre car elle accueille des enfants présentant des troubles ou handicaps divers » . « Nous avons donc demandé auprès de la MDPH une aide à la vie scolaire quelques heures par semaine ou à temps plein » , se sont résignés les parents de Pierre, conscients que ces aides ont un coût et qu’injustemen­t, tous les enfants n’en bénéficien­t pas de la même manière (les aides étant différente­s selon les régions). Dans les prochains mois, la MDPH devrait donner son avis. (*) Le prénom de l’enfant a été changé

 ??  ?? Les troubles Dys entraînent des difficulté­s dans l’apprentiss­age de la lecture (photo d’illustrati­on)
Les troubles Dys entraînent des difficulté­s dans l’apprentiss­age de la lecture (photo d’illustrati­on)

Newspapers in French

Newspapers from France