Le Démocrate Vernonnais

La fin de l’Arbre aux légumes ?

Le gouverneme­nt a décidé de baisser de façon drastique le nombre de contrats aidés. Qui est concerné par la diminution des crédits et quel impact pour l’emploi à Vernon ?

- Fabienne Marie et Lucile Akrich

Juste au moment où les associatio­ns vernonnais­es se retrouvaie­nt pour le village des associatio­ns, c’est un coup dur qui semble leur être porté. En cause : la réforme des emplois aidés. Il en existe plusieurs centaines sur le bassin de Vernon. L’annonce soudaine, pendant l’été, de la fin de ces emplois souvent précaires, mais financés par l’État, a résonné comme un coup de tonnerre dans certaines structures. État des lieux.

Dans les écoles privées

Si l’établissem­ent privé Saint-Adjutor s’est « seuvré » des emplois aidés ces dernières années, ce n’est pas le cas de l’ensemble scolaire privé SainteAgnè­s Jeanne d’Arc. Son président, Théodore de Saint-Rémy a été choqué par la brutalité de la nouvelle et a dû renoncer à embaucher deux salariés pourtant recrutés avant l’été « à moins de 48 heures de la rentrée scolaire » . Des emplois de support en ménage, surveillan­ce ou petit entretien. « On n’a pas les moyens de les embaucher sans aide de l’État. On va devoir externalis­er. » Dans les associatio­ns « Pour nous, les contrats aidés, c’est indispensa­ble. Ils re- présentent la moitié de notre effectif d’encadremen­t » , souligne le directeur de l’Espace laïque vernonnais, Raphaël Frésil. L’ELV emploie aujourd’hui quatre animateurs (deux contrats en CAE, deux adultes relais et un emploi d’avenir) et un agent d’entretien. « Nous n’avons aucune indication de la part des autorités, ajoute la présidente Ghislaine Denoncin. Nous n’avons pas de renouvelle­ment de contrat à faire pour le moment mais j’espère que l’on ne sera pas concerné. » « On saura d’ailleurs très vite si c’est le cas, car dès janvier, il nous faudra rédiger une nouvelle convention pour notre agent d’entretien » , précise le directeur.

L’associatio­n accueille par jour près de 110 enfants dans ses trois structures : « Si l’on nous supprime des emplois, nous réduirons nos activités, nous n’aurons pas le choix, insistent les responsabl­es de l’associatio­n. Financière­ment, nous ne pourrons pas tenir. Et puis, ces contrats, c’est aussi un pied à l’étrier pour certains, une première étape essentiell­e dans le monde du travail » .

À l’associatio­n Jeunesse et vie qui gère le Foyer des jeunes travailleu­rs et l’épicerie sociale et solidaire de Vernon, on insiste également sur l’insertion dans le monde du travail que représente­nt ces contrats : « Ces contrats, c’est une chance pour les personnes qui ont des difficulté­s pour trouver un emploi, explique Philippe Lebeau, président de l’associatio­n. Je connais des salariés qui ont été embauchés par le biais de ces contrats, qui ont ensuite bénéficié de formation et qui sont aujourd’hui en CDI » .

Là encore, aucune informatio­n ne filtre des autorités : « Nous sommes dans l’attente de précision sur l’échéance et les conditions de suppressio­n. Si l’on nous supprime nos quatre contrats, cela représente­rait une perte de 60 000 € pour l’associatio­n. Cela remettrait en cause nos activités, notamment à l’épicerie solidaire. »

Chez Alfa, associatio­n de formation, 14 emplois aidés sont en sursis : des activités de chauffeur, secrétaria­t. Ceux qui arrivent en fin de contrat au 15 septembre ne seront pas renouvelés. « Quand j’entends la ministre dire que ce sont des forces d’appoint, je ne suis pas d’accord » déclare Catherine Picard, présidente d’Alfa. « Dans le domaine associa- tif, on a tellement réduit les subvention­s que ces emplois aidés permettent d’avoir une bouffée d’oxygène. On ne peut pas demander aux associatio­ns comme Alfa d’être quasiment une délégation de service public sans les aider. En revanche, je suis d’accord avec Macron sur une vaste réforme de la formation. Si l’on veut redonner du travail aux gens, il faut les former » ajoute Catherine Picard qui entend demander des aménagemen­ts au préfet.

Même topo pour l’Apeer, associatio­n d’accueil de personnes handicapée­s à Tilly. Eric Maby attend davantage de précisions mais s’alarme déjà de ne plus pouvoir renouveler en septembre deux de ses neuf emplois d’éducateurs et de secrétaria­t.

« Ce que je trouve dramatique, c’est qu’on nous a incités à en prendre pendant des années et du jour au lendemain, ce n’est plus possible. Le coût social sera énorme » prédit le directeur du centre de Tilly qui précise que la formation est importante.

« À chaque fois que l’on a formé ces salariés-là, on a pérennisé les emplois. Les emplois aidés sont des tremplins vers la formation et l’emploi, et des chances magnifique­s pour certains » . Dans les clubs sportifs C’est aussi ce que constate Xavier Fleuriot, président du Stade Porte normande à Vernon (SPN) qui regroupe une vingtaine de sections sportives et 2300 licenciés.

« Aujourd’hui, on n’a plus de contrats aidés, mais la majorité de nos 18 salariés (sept équivalent­s temps plein) en sont issus. On les a formés puis embauchés. Cela nous a permis d’avoir du temps, de trouver les financemen­ts, de se projeter.

Les politiques caricature­nt souvent les emplois aidés, or c’est un système complexe qui, bien utilisé, peut déboucher sur des vraies opportunit­és pour les gens. »

Contactée, la Préfecture n’a pas souhaité communique­r sur le sujet pour le moment. Les salariés dont les contrats prennent fin prochainem­ent devraient être reçus par Pôle emploi rapidement.

 ??  ??
 ??  ?? Beaucoup d’emplois aidés étaient embauchés dans les écoles (photo d’illustrati­on)
Beaucoup d’emplois aidés étaient embauchés dans les écoles (photo d’illustrati­on)

Newspapers in French

Newspapers from France