La chute du “Valkyrie”
L’XB-70 poursuivait une ambitieuse campagne de vols à Mach 3 lorsqu’un banal essai tourna à la catastrophe.
Une mission banale tourne au désastre pour le bombardier Mach 3 de l’USAF.
Avec une vitesse de croisière de Mach 3, l’XB-70 “Valkyrie” devait être le plus rapide des bombardiers de tous les temps à la fin des années 1960. Au grand dam des généraux du Strategic Air Command, les missiles balistiques le rendirent pourtant obsolète comme vecteur de l’arme nucléaire. En 1959, il avait fallu abandonner sa commande en série. Cependant, deux appareils furent construits pour une nouvelle perspective prestigieuse : défricher la voie au futur supersonique de transport civil SST lancé en grande pompe par le président John F. Kennedy en juin 1963. Le 21 septembre 1964 se déroula le premier vol dans une atmosphère enthousiaste (lire Le Fana de l’Aviation n° 538 de septembre 2014).
À la conquête de Mach 3
L’XB-70A-1 passa Mach 1 le 12 octobre et Mach 2 seulement le 24 mars 1965 – l’avion avait dû subir entre-temps un premier chantier de modifications. Enfin Mach 3 fut atteint le 14 octobre. La performance avait été si contraignante pour la cellule que l’XB-70A-1 fut dès lors restreint à “seulement” Mach 2,5.
Le second prototype vola le 17 juillet 1965. Il bénéficia par rap- port au premier appareil d’améliorations lui permettant de mieux affronter les grandes vitesses. Les ingénieurs l’avaient bardé de capteurs afin de mesurer les effets du vol supersonique. L’XB-70A-2 suivit son prédécesseur sur la voie du vol à grande vitesse ; il atteignit Mach 3 le 3 janvier 1966.
Les bonnes performances s’enchaînèrent alors sans trop de difficultés. Le 19 mars, il dépassa 74 000 pieds (22 500 m) d’altitude. Le 12 avril, la vitesse record de Mach 3,08 fut enregistrée et, le 19 mai, il vola à Mach 3 pendant 32 minutes. Sans parler de triomphe, l’équipe des essais en vol pouvait estimer viable l’avion à Mach 3.