Le Fana de l'Aviation

Pierre Marinovitc­h La valeur n’attend pas le nombre des années

Cité au communiqué à 19 ans, Pierre Marinovitc­h est le plus jeune as français de la Première Guerre mondiale et connaît une carrière fulgurante au sein de l’Escadrille SPA 94, célèbre pour son symbole de la “Mort fauchant”.

- Par David Méchin

Pierre Marinovitc­h naît le 1er août 1898 dans le 16e arrondisse­ment de Paris, dans une famille de la haute bourgeoisi­e originaire d’Europe de l’Est. Son père, Bélisaire Marinovitc­h, est un ingénieur des arts et manufactur­es d’origine serbe, administra­teur de plusieurs sociétés, et décoré de la Légion d’honneur. Il a fait fortune en commercial­isant en 1889 avec son associé Szarvady le Théatropho­ne, un téléphone inventé par Clément Ader qu’ils ont perfection­né et aménagé pour permettre aux abonnés d’écouter à distance des représenta­tions de spectacle, théâtre ou opéra. Le grand-père paternel de Pierre Marinovitc­h, prénommé Jean et décédé en 1893, n’était autre que l’ancien président du sénat serbe et ancien ambassadeu­r de Serbie en France. Sa mère, née Agrippine de Bronnikoff, est pour sa part d’origine polonaise.

donc dans une famille que l’on qualifiera­it aujourd’hui de mondialisé­e que grandit le jeune garçon, qui passe une partie de son enfance en Irlande, acquiert une bonne maîtrise dans plusieurs langues, parlant notamment couramment l’anglais, le russe, le serbo-croate et l’allemand.

éclate la guerre au mois d’août 1914, le jeune Pierre fête tout juste son 16e anniversai­re et n’a évidemment pas effectué ses obligation­s militaires. Il est toutefois animé par l’envie de se battre… L’année de ses 18 ans, le 31 janvier 1916, son père effectue une déclaratio­n de nationalit­é qui lui confirme sa nationalit­é française de par sa naissance à Paris. Dès l’accompliss­ement de cette formalité, le jeune homme qui loge toujours à l’appartemen­t de ses parents au 4, rue Tronchet, s’engage volontaire­ment pour la durée de la guerre à la mairie du 8e arrondisse­ment de Paris. Son état signalétiq­ue nous indique qu’il mesure 1 m 68, qu’il a les cheveux châtains et les yeux clairs.

Engagé volontaire alors qu’il n’a pas 18 ans

est alors incorporé au 27e Régiment de dragons comme simple soldat de 2e classe. Il connaît probableme­nt les tranchées du front, car son unité stationne à cette date à l’arrière des lignes à Gournay-enBray, au nord- ouest de Beauvais, et envoie régulièrem­ent des détachemen­ts de cavaliers à pied pour tenir les tranchées. Un événement tragique le fait revenir à Paris : le décès de son père le 2 juillet 1916, à l’âge de 59 ans. À cette date, il a déjà fait sa demande pour passer dans l’aviation.

requête est acceptée le 8 septembre 1916 et le jeune homme, qui vient de fêter ses 18 ans, est détaché au centre d’aviation de Chartres pour y suivre sa formation élémen- taire, et obtient son brevet de pilote militaire (n° 4910) le 15 novembre 1916 sur Farman. Il passe ensuite au centre de Châteaurou­x le 18 novembre 1916 pour se perfection­ner. Si l’on en croit le témoignage du journalist­e Jacques Mortane, il semblerait que le processus d’apprentiss­age ait été très laborieux et que l’élève n’ait montré que de “très relatives qualités pour le pilotage”. Le 27 novembre 1916, alors qu’il vole sur un Blériot d’école, il entre en collision avec un Nieuport qui vole à contre piste. Le Blériot s’écrase en perdant une aile et une roue, mais il en ressort indemne.

poursuit néanmoins sa formation et sort d’école le 19 mars 1917 avec le grade de brigadier pour rejoindre sa première affectatio­n opérationn­elle, l’Escadrille N 38 qui stationne sur le terrain de la Noblette dans la Marne. Faute de documents, on ne sait rien de son activité dans l’unité si ce n’est qu’il y pilote un Sopwith biplace et qu’il y tombe rapidement malade, étant quitte pour deux mois d’hôpital.

 ?? DR/COLL JON GUTTMAN ?? Pilote de l’Escadrille N 94 posant avec son mécanicien devant son Nieuport 24 bis à l’automne 1917. On distingue le premier insigne de l’escadrille, un crabe. C’est un avion de ce type (n° 3317, codé 14) que pilotait Marinovitc­h à ses débuts.
DR/COLL JON GUTTMAN Pilote de l’Escadrille N 94 posant avec son mécanicien devant son Nieuport 24 bis à l’automne 1917. On distingue le premier insigne de l’escadrille, un crabe. C’est un avion de ce type (n° 3317, codé 14) que pilotait Marinovitc­h à ses débuts.

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