L’année du “Hurricane”
“Hurricane”, “Spitfire”, “Mustang”, “Blenheim”, B-17, Curtiss de tous types, Red Arrows… Le grand airshow de Duxford a tenu ses promesses.
25e édition : on n’avait jamais vu autant de “Hurricane” ensemble !
Cette 25e édition de Flying Legends, le somptueux spectacle aérien organisé par The Fighter Collection et l’Imperial War Museum de Duxford, près de Cambridge, en Grande-Bretagne, devait être celle du retour des Horsemen et par conséquent celle du “Mustang”, mais deux coups du sort allaient bouleverser les choses. Et de fait, Flying Legends 2017 restera marqué par la présence sur l’ancienne base de la RAF, côte à côte, de quatre Hawker “Hurricane” et de l’unique “Sea Hurricane” encore en état de vol. Un véritable délice pour les passionnés venus nombreux de toute l’Europe. D’autant plus que deux de ces “Hurricane” étaient sortis de l’atelier de restauration à peine quelques semaines auparavant : le Mk I matricule P3717 (G-HITT) de Bygone Aviation Ltd et le Mk I matricule P2902 (G-ROBT) de Rick Roberts. Ce dernier a fait à Flying Legends sa toute première présentation en public.
Les choses avaient pourtant bien commencé pour les “Mustang”. À peine sa restauration terminée aux États-Unis par Midwest Aero Restorations, le P-51D Frenesi de Dan Friedkin avait été mis en conteneur et été expédié par bateau jusqu’à Duxford où il était arrivé à temps pour y être remonté et essayé en vol. Non content, Dan Friedkin avait ensuite décidé d’expédier jusqu’à Duxford, et par ses propres moyens, sa dernière acquisition : le North American P-51B Berlin Express, restauré par la société Pacific Fighters et grand champion du Aviation Heritage Trophy en 2015 à Reno. En moins d’une semaine et en 25 heures de vol, aux mains de Lee Lauderback (fondateur et patron de Stallion 51, 9 700 de vol sur “Mustang”), le chasseur avait rejoint en vol sans encombre Duxford depuis le Texas, par la route Nord, la même qu’empruntèrent chasseurs et bombardiers américains pendant la Deuxième Guerre mondiale. Tout cela en consommant à peine 5 litres d’huile.
Sale temps pour les “Mustang”
Les jours précédant le spectacle aérien, la fameuse patrouille acrobatique sur P-51 des Horsemen s’était entraînée sans le moindre
souci mécanique sur le Frenesi, le Berlin Express et le “Sharmouth”. Et Nick Grey, fils du fondateur de The Fighter Collection, désormais chef d’orchestre de Flying Legends et qui a repris le rôle du Joker que jouait son père aux commandes du “Bearcat” de TFC pour occuper le ciel entre deux passages de la grande formation finale dite “Balbo”, avait lui aussi pu s’entraîner aux commandes du Berlin Express, amicalement proposé par Dan Friedkin pour remplacer le Gloster “Gladiator” de TFC resté à La Ferté-Alais pour cause de problème mécanique non résolu. Le vendredi soir, tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais le lendemain, le destin décida de bouleverser les choses.
Peu après le début du spectacle aérien, Nick Grey avait déjà bien entamé son piqué initial pour prendre de la vitesse afin de commencer une présentation en solo du Berlin Express lorsque, ayant atteint près de 600 km/h, la verrière type Malcolm Hood du “Mustang” explosa, et ses débris allèrent frapper les plans verticaux et horizontaux de la queue, les endommageant au passage. Se retrouvant en une fraction aux commandes d’un “Mustang” décapoté, Nick Grey le posa au plus vite, sans autre encombre. L’émotion passée, le constat fut implacable : Berlin Express ne pouvait plus voler, et la présentation des Horsemen dut être annulée, faute de temps pour s’entraîner avec un autre “Mustang” emprunté. L’indispensable entraî- nement avec le P-51D d’emprunt, le Miss Helen (G-BIXL) de Robert Tyrell, put avoir lieu le samedi après le spectacle. Et c’est ainsi que le public du dimanche eut droit à la fabuleuse présentation de voltige en patrouille serrée des Horsemen. On aurait pu croire que tout était rentré dans l’ordre pour les “Mustang”… mais le sort allait de nouveau frapper à la toute fin du spectacle.
Alors que le “Balbo” se terminait, Mark Levy, aux commandes du TF-51D Miss Velma, annonça par radio avoir un problème de moteur. Il prit aussitôt la direction de la piste mais, alors qu’il pensait pouvoir la rejoindre, il dut se raviser, le moteur ne donnant plus aucune puissance. Il vira alors vers un champ, amorça la rétraction du train d’atterrissage et posa le chasseur en catastrophe sur le ventre. Sans se blesser.
Ces coups du sort mis à part, Flying Legends a encore offert à ses spectateurs cette année des moments de pur bonheur aéronautique. Comme un duo de “Spitfire” Mk I d’une grâce infinie, une formation composée de quatre “Hurricane”, du “Blenheim” et de trois “Spitfire” Mk I pour évoquer les tout débuts de la guerre – du jamais vu jusqu’à présent – ou encore un simulacre de courses aériennes des années 1930 à 1960 avec ces icônes que sont le DH 88 “Comet”, le Percival “Mew Gull”, le Travelair “Mystery Ship” et le LeVier “Cosmic Wind” Ballerina. Seul Flying Legends sait produire de tels moments de pure émotion. Vivement la 26e édition !