Lufthansa suspend la restauration de son Lockheed L-1649A “Super Star”
La consternation est générale dans le petit monde de l’aviation de collection depuis que la Lufthansa a annoncé mi- mars qu’elle suspendait la restauration en état de vol de son Lockheed L- 1649A “Super Star”. L’année dernière, les équipes de Hambourg et d’Auburn ( dans le Maine, aux États- Unis) du projet Lufthansa “Super Star” avaient terminé la restauration de la structure primaire du fuselage, des ailes et de l’empennage, et avaient commencé la restauration et l’installation des composants de pièces de structure secondaires. La mauvaise nouvelle est arrivée via le quotidien Sun Journal, à Auburn : Lufthansa Technik avait informé la municipalité que la restauration en cours depuis dix ans dans un hangar de la ville de son Lockheed L- 1649A allait être poursuivie en Allemagne, et que l’avion allait être démonté pour être transporté. 70 personnes travaillent actuellement à la restauration du “Super Star” sous la direction du chef de projet Oliver Sturm. Selon le communiqué publié par Lufthansa Technik, société parente de la société Lufthansa Super Star GmbH spécialement créée pour chapeauter la restauration du L- 1649, “une phase importante du projet se termine et le projet entamera bientôt la prochaine phase de son voyage. Il sera accueilli en Allemagne où il continuera à être un brillant exemple du patrimoine aéronautique américano-allemand et à honorer les liens de longue date qui unissent nos deux pays”. Cependant, interrogé par la presse
aéronautique allemande, Lufthansa Technik n’a pas voulu confirmer que la restauration sera poursuivie ; le “Super Star” est un “projet d’entreprise”, dont Lufthansa Technik est le seul maître d’oeuvre. Selon un site Internet spécialisé, 200 millions de dollars ont déjà été dépensés dans cette restauration. Le porte- parole de Lufthansa, Wolfgang Weber, a déclaré qu’il n’avait cependant par encore été décidé quand et comment le quadrimoteur serait transporté jusqu’en Allemagne. Selon le directeur du projet, Oliver Sturm, la raison de ce déménagement est que “l’avion est trop complexe pour être
terminé ici [ à Auburn, NDLR]”. Un élément de la complexité invoquée pourrait être une action de groupe en justice. Le mécanicien Christopher Venegas a en effet porté plainte contre Lufthansa Technik North America Holding Corp. et Global Aircraft Services Inc., au motif que les mécaniciens n’étaient pas payés de leurs heures supplémentaires alors qu’ils en effectuaient en moyenne 20 par semaine. Cette plainte a donné lieu à un recours collectif, couvrant plus de 70 mécaniciens, qui a été réglé l’année dernière. Le 18 décembre 2007, la fondation Deutsche Lufthansa Berlin- Stiftung ( DLBS), qui fait voler des avions anciens aux couleurs de Lufthansa, avait acquis lors d’une vente aux enchères de liquidation trois L- 1649 “Starliner” (“Super Star” pour ceux acquis à l’époque par Lufthansa) pour 745 000 dollars, ainsi que des pièces de rechange, afin d’en remettre un en état de vol pour proposer des balades aériennes. Le numéro de série 1018, un ancien avion de TWA, avait été sélectionné ; sa restauration avait été confiée à Lufthansa Technik et avait débuté dès l’année suivante à Auburn, dans un hangar spécialement acquis. Dans l’optique d’obtenir un certificat de navigabilité d’avion de transport public, semblable à celui des Airbus et Boeing, il s’est avéré que plus de 90 % des composants et matériaux devaient être remplacés. La cabine passagers devait être équipée de façon moderne, mais avec un aspect des années 1950. Le poste de pilotage devait recevoir une avionique moderne dernier cri, avec écrans tactiles, etc. Ce projet pharaonique visait à faire du “Super Star” un avion de transport aux standards actuels de sécurité. D’où son coût également pharaonique.