Le Fana de l'Aviation

Fantasmes aériens

- Michel Bénichou

Je lis dans Le Fana de n° 584, page 79,

Hélas, je crains qu’à l’époque, surtout aux États- Unis, on ( pronom indéfini ici de sexe masculin) n’en était pas encore à courir les aéroports pour apprécier les hôtesses vêtues d’amples jupes plissées avec lesquelles le vent ( des hélices) jouait si agréableme­nt ou, plus tard, pour lorgner ces personnes s’abaisser pour servir les passagers des rangs opposés, vêtues de jupes plus courtes, voire très très courtes. Ce n’était pas toujours le cas. Tout ça n’est plus très politiquem­ent correct, mais est historique­ment vérifiable. Là oui, l’hôtesse devait attirer le client. Ainsi alla le monde où l’hôtesse de l’air fut un fantasme d’hommes assez fortunés pour prendre régulièrem­ent l’avion, après que d’éventuelle­s blessures de guerre pendant leur jeune âge les eurent fait rêver à leurs infirmière­s. Infirmière­s justement, car, la photo de la page 79 ( celle du bas !) raconte la véritable histoire. L’uniforme de ladite hôtesse est très exactement celui d’une infirmière,

nurse in english. Car les compagnies américaine­s furent les premières à l’Aviation que “les hôtesses de l’air furent embauchées aux États-Unis pour attirer une nouvelle clientèle”. embarquer non des “hôtesses”, mais des nurses dont le rôle principal était d’apporter soutien, réconfort, et pots à vomi à des passagers très fréquemmen­t rendus malades par les mouvements désordonné­s d’avions lents, bruyants et globalemen­t inconforta­bles, volant DR plutôt bas dans les turbulence­s souvent fortes. L’incongru de cette photo est le service à café ! Il convient de rappeler que la

nurse était payée pour voler et que son poids, si léger fut- il, ne constituai­t donc pas en e soi une charge rentable. Si certaines compagnies ont pu se permettre ce luxe, c’est bien aussi parce qu’elles pouvaient enfin exploiter des avions plus vastes, plus puissants, capables de transporte­r des passagers plus nombreux qui payaient le prix fort pour voyager plus vite.

Merci pour cette remarque. En effet les premières “hôtesses” de l’air étaient des infirmière­s. Ellen Church oeuvrait dans un hôpital de San Fransisco lorsqu’elle fut embauchée comme

sky girl selon l’appellatio­n de l’époque par Boeing Air Transport. Apparemmen­t, elle avait auparavant proposé ses services pour prendre les commandes du Boeing 80 car elle était aussi brevetée pilote. Elle devait rassurer les passagers et s’assurer de leur bonne santé, tant les voyages pouvaient vite être mouvementé­s. Elle effectua sa première liaison le 15 mai 1930 avec un périple de 20 heures entre Oakland et Chicago. Sept autres infirmière­s intégrèren­t ensuite BAT pour 125 dollars par mois. Puis les autres compagnies aériennes embauchère­nt aussi des infirmière­s avant d’opter rapidement pour des hôtesses sans qualificat­ion médicale. Notons que des stewards masculins sont signalés bien plus tôt, notamment à bord des Zeppelin, avant la Première Guerre mondiale. Les hôtesses de l’air rejoignire­nt dès les années 1930 les infirmière­s dans la liste des fantasmes masculins…

Les premières hôtesses de l’air étaient des infirmière­s, comme ici à bord d’un Boeing 80.

En médaillon Ellen Church, infirmière embauchée par Boeing Air Transport en 1930.

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