Où en est l’Allemagne ?
Lorsque Victor Denain succède à Pierre Cot en février 1934, la Luftwaffe n’existe que sur le papier. Elle sera offi ciellement créée un an plus tard avec moins de 1 800 avions de guerre de valeurs inégales à comparer aux quelque 3200, en ligne ou en stock, dans l’armée de l’Air et l’Aéronautique maritime autonome. C’est loin d’être encore la première puissance aérienne qu’elle deviendra en 1939. Pour l’heure, ses appareils sont encore majoritairement des biplans et des sesquiplans que n’ont pas à envier les réalisations françaises ou britanniques. Son premier chasseur, l’Arado 65, est une machine relativement médiocre en place d’être remplacée par le Heinkel 51, supérieur mais dont la vitesse n’excède pas 330 km/ h. Ses premiers avions de coopération He 46 n’entreront en service qu’au printemps 1936 et son unique bombardier lourd Dornier 19 restera à l’état de prototypes. Si le général Denain exagère alors la puissance de l’Allemagne, sa vision alarmiste n’en est pas moins clairvoyante. Avec 14 usines aéronautiques ( cellules et moteurs) le potentiel industriel est énorme et les crédits généreusement répartis entre un outil de production moderne et des bureaux d’études talentueux. Le trimoteur Junkers 52/ 3m, arrivé en 1933 dans la Lufthansa, en est un révélateur. Près de 850 avions de guerre seront produits outre- Rhin en 1934 et 1800 en 1935 ! Autour d’une nouvelle génération d’avions de combat se construisait une force aérienne redoutable au service d’une doctrine offensive que la guerre d’Espagne révélera deux ans plus tard.