Le Fana de l'Aviation

La guerre du golfe

Alerte ! L’Irak envahit le Koweit. La cavalerie américaine débarque.

- Illustrati­on Daniel Bechennec, texte Philippe Wodka-Galien

Notre ami fidèle et auteur, Philippe Wodka-Galien, se souvient : “Les vacances ont bien commencé, les premières de l’après-guerre froide, avec à l’esprit les images du mur de Berlin tombé en novembre. L’apocalypse n’aura pas lieu. L’Europe est en fête. Réveil calé sur 6 h 45. Demain, c’est le 2 août. Diplôme tout neuf de la rue SaintGuill­aume en poche [Sciences Po, NDLR], il faudra rejoindre son stage au Crest, le Centre de recherche sur les stratégies et les technologi­es, un think tank [groupe de réflexion] rattaché à Polytechni­que.

Pour nos jeunes lecteurs, rappelons qu’en 1990, le suivi de l’actualité fait appel à une ressource rare : l’informatio­n. Pour se faire une idée de l’évènement, juste quelques imagesages troubles d’hélicoptèr­es au-udessus d’une ville inconnue,e,

Koweit City. Les troupes d’in-’invasion sont irakiennes. Saddam Hussein, le dictateur de Bagdad, a décidé de défier le monde. Dès le 2 août, le Golfe devient lele théâtre d’une guerre de l’imagemage et de la propagande. Le jour même, l’ONU adopte à l’unanimité la résolution 660 qui condamne le geste aventureux de Saddam et exige de lui l’évacuation de ses soldats. Les télés tiennent le feuilleton de l’été, celui qui servira dans le désert l’affronteme­nt militamili­taire qui a épargné l’Europerope. Un duel télévisé comcommenc­e entre le leader irakieirak­ien et le président américrica­in Georges Bush. Élu triomphale­ment en 1988, l’ancien vice-présidside­nt de Ronald ReagReagan parvient à réunir une coalitcoal­ition de 35 pays. Dès le 6 août, sur ses ordres, le Pentagone lance Desert Shield (Bouclier du désert). Tout ce que les États-Unis

comptent alors en capacités politiques et militaires est déployé dans l’objectif de reconquéri­r le Koweit.

Voici le déploiemen­t de forces le plus massif jamais réuni depuis 1945. Cette fois, l’Amérique tient sa revanche sur la déroute du Viêtnam. L’informatio­n sera cadrée en pools presse (1). Les équipes de CNN sont à Bagdad et sombrent dans l’admiration de la technologi­e militaire “made in USA”. La guerre high-tech sera spectacle. Reflet de l’ère Reagan, Hollywood vante l’efficacité du complexe politico-militaire américain qui a retrouvé son lustre dans Top Gun et Octobre rouge, Hollywood nous expliquant comment les choses se passent à la Maison-Blanche et au Pentagone. La fiction nous prépare au réel et dans le réel, l’ONU a donné sa pleine légitimité à l’offensive aéroterres­tre. Le Pentagone dévoile le F-117 et son étrange fuselage à facettes pour nourrir la manoeuvre psychologi­que.

Le premier épisode d’une nouvelle guerre dans le Golfe a pour titre Desert Shield, un geste réflexe de Washington. Officialis­é par la résolution 661, un embargo total sur l’Irak est appliqué par l’ONU dès le 6 août. Dès, le 7 août, l’US Air Force projette 48 chasseurs F-15 du 1st Fighter Wing en Arabie Saoudite. Le lendemain, les porte-avions USS Dwight Eisenhower et Independan­ce se tiennent prêts à l’action à proximité, dès lors que Saddam choisirait de poursuivre son offensive. La fin de la guerre froide permet au Pentagone de dégarnir l’USAFE (United States Air Forces in Europe) qui peut projeter de Bitburg en Allemagne à Al Kharjj le 36th Tactical Fighter Wing et ses 36 F-15. Les images es passent en boucle sur CNN, NN, l’actualité alternant avec celles des GIs débarquant en masse sur les tarmacs surchauffé­s de l’Arabie. En alerte à Toulon, le Clemenncea­u met en route le lundi 133 août 1990, à 11 heures. Il est escortéort­é par le croiseur Colbert et le ravitaille­ur Var. Cap sur Suez. À bord, non des “Super Étendard”, mais des “Gazelle” antichars de la Force d’action rapide. En trois semaines, 100 000 militaires alliés sont près à l’action, alors que les renforts ne cessent d’arriver. La diplomatie ne parviendra pas à stopper la “logique de guerre” selon la formule du président François Mitterrand, ce que confirme, fin novembre, la résolution 678 de l’ONU qui autorise la coalition “à user de tous les moyens nécessaire­s pour faire appliquer la résolution 660”.”

Le 2 août 1990, à 2 heures du matin, tout a basculé, balayant les espoirs dd’unun monde harmonieux jouisjouis­sant des dividendes de la paix et tournant le dos auaux souffrance­s de la guguerre. Dans le souvenir d’une nuit à Berlin, la grande illusion n’aura duduré que huit mois et 24 jour jours. Chasseurs- bombardier­s, bar di ers, avions de renseignem­ent ment, hélico pt hélicoptèr­es, missiles, armes de précision et drones ont pris toute la lumière d’une guerre à grand spectacle. Le Fana de l’Aviation a décidé de se mobiliser pour vous proposer prochainem­ent un dossier spécial, “Il y a 30 ans, Desert Storm”, tant cette séquence a marqué notre contempora­in et a redessiné la carte du MoyenOrien­t. À Koweit City, ce 2 août 1990, à 2 heures du matin, la guerre sans fin avait commencé.

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DANIEL BECHENNEC
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Une patrouille de F-15E survole des installati­ons pétrolière­s en Arabie Saoudite.
 ?? USAF ?? L’insigne du 1st Fighter Wing, première unité arrivée en Arabie Saoudite en août 1990.
USAF L’insigne du 1st Fighter Wing, première unité arrivée en Arabie Saoudite en août 1990.
 ?? DOD ?? (1) Organisati­on des reportages collectifs, encadrés par les militaires, autour d’une seule caméra, donc d’une unique source d’images.
Le F-15D du 1st TFW qui amène le général Dugan (chef d’étatmajor de l’US Air Force) en Arabie Saoudite le 6 août 1990, lors de l’opération
Bouclier du désert.
DOD (1) Organisati­on des reportages collectifs, encadrés par les militaires, autour d’une seule caméra, donc d’une unique source d’images. Le F-15D du 1st TFW qui amène le général Dugan (chef d’étatmajor de l’US Air Force) en Arabie Saoudite le 6 août 1990, lors de l’opération Bouclier du désert.
 ?? US AIR FORCE ?? Alors avion ultra-secret, le F-117 de l’US Air Force est dévoilé à l’occasion de la crise dans le Golfe de 1990. Par sa forme inédite dictée par les impératifs de furtivité, le F-117 symbolise à lui seul la supériorit­é technologi­que des États-Unis au sortir de la guerre froide.
L’insigne du 36th Tactical Fighter Wing doté de F-117.
US AIR FORCE Alors avion ultra-secret, le F-117 de l’US Air Force est dévoilé à l’occasion de la crise dans le Golfe de 1990. Par sa forme inédite dictée par les impératifs de furtivité, le F-117 symbolise à lui seul la supériorit­é technologi­que des États-Unis au sortir de la guerre froide. L’insigne du 36th Tactical Fighter Wing doté de F-117.
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USAF

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