Le Fana de l'Aviation

“The Roseland Spitfire”

Il aura fallu 17 ans de persévéran­ce pour redonner vie au “Spitfire” Mk IX matricule TE294 afin qu’il rende hommage au pilote canadien Arnold Roseland.

- Par Xavier Méal

La restaurati­on du “Spitfi re” Mk IX matricule TE294 a permis de rendre hommage au pilote canadien Arnold Roseland.

Àla fi n du siècle dernier, on s’affairait un peu partout dans le monde aux préparatif­s de l’entrée dans le XXIe siècle. À l’époque, le gouverneme­nt canadien distribuai­t de façon assez généreuse des subvention­s aux projets visant à célébrer l’année 2000, dont le diminutif était “Y2K.” Le Comox Air Force Museum et la Comox Air Force Museum Associatio­n saisirent cette opportunit­é pour présenter leur projet. Il s’agissait de marquer l’entrée dans le XXIe siècle en faisant voler un “Spitfi re” restauré porteur du code de fuselage Y2-K – clin d’oeil à l’an 2000, avec le Y de year (an ou année en anglais), et le 2K, abréviatio­n de 2000 ; les “Spitfire” du Squadron 442 (canadien) de la Royal Air Force avait porté ce code pendant la Deuxième Guerre mondiale, et il existait une photograph­ie bien connue montrant un “Spitfire” codé Y2-K en train de subir un changement de moteur en France après le Débarqueme­nt. L’actuel Squadron 442 de la Royal Canadian Air Force est une unité de transport et de secours dont la base est Comox, au Canada, et qui fait voler des CC-115 “Buffalo” et CH-149 “Cormorant”.

Et c’est ainsi que le Comox Museum obtint une subvention de 250 000 dollars canadiens qui lui permit d’acquérir à la fin de 1999 les restes du “Spitfire” Mk IX matricule TE294, auprès de Mark DeVries. Ce dernier avait vécu quelque temps en Afrique du Sud et avait obtenu ces restes en 1990 du South African Air

Force (SAAF) Museum dont il avait fini par être conservate­ur honoraire. L’épave du chasseur avait été récupérée avec huit autres en 1979 dans le parc à ferraille de la société SA Metal & Machinery Co. de l’ancien pilote de “Spitfire” de la SAAF Harold Barnett, à Salt River, près de Cape Town ; les épaves avaient ensuite été entreposée­s dans un dépôt situé à Snake Valley, près de la base de la SAAF de Swartkop. Harold Barnett avait initialeme­nt acheté ces “Spitfire” comme surplus de la SAAF en 1955. Rentré au Canada au milieu des années 1990, Mark DeVries avait commencé à restaurer ce qui restait du TE294 puis, après quelques années, avait cherché à s’associer pour faire avancer son projet. Lorsqu’il “atterrit” à Comox, le projet n’était constitué alors que du fuselage restauré sur la base d’une cloison pare-feu à laquelle étaient à l’origine attachés un mètre de fuselage et une partie d’une des ailes, ainsi que de divers composants plus petits provenant d’autres “Spitfire”.

Une brève carrière avec la SAAF

À l’origine construit en tant que variante “haute altitude” HF Mk IXe par Vickers Armstrong dans son usine de Castle Bromwich, le TE294 fut en premier lieu affecté à la Maintenanc­e Unit 39 à Colerne, le 9 juin 1945. Il fut un des relativeme­nt rares Mk IX à sortir d’usine avec un “low-back” (dos abaissé) et une verrière en goutte d’eau. Étant un des derniers Mk IX produits, le TE294 fait partie d’un lot dit mixte de 43 “Spifire” construits au titre du contrat B981687/39, et qui reçurent les matricules TE273 à TE315. Les avions de ce lot pouvaient être soit des HF Mk IXe à moteur Rolls-Royce “Merlin” 70 avec compresseu­r pour les hautes altitudes jusqu’à 44 000 pieds (13 410 m), soit des F Mk XVIe si un moteur “Merlin” 266 produit sous licence aux États-Unis par Packard Merlin à compresseu­r pour des altitudes plus basses y était installé. Le moteur mis à part, les avions étaient extérieure­ment identiques ; les deux avaient le capot moteur avec la “cowl modificati­on 1398” qui se caractéris­ait par une petite bosse supplément­aire pour prendre en compte une particular­ité du “Merlin” produit par Packard et la plomberie qui l’accompagna­it, et ils avaient les gouvernes de profondeur non pas entoilées mais métallisée­s – qui étaient en standard sur le Mk XVI. Le suffixe “e” indiquait un armement composé d’un canon Hispano Mk II de 20 mm et d’une mitrailleu­se Browning M2 de calibre .50 dans chaque aile. Le TE294 fut un des neuf HF Mk IXe produit dans le cadre de ce “lot mixte”, avec des matricules de TE292 à 299. Seulement deux autres exemplaire­s de cette rare variante de Mk IX ont survécu jusqu’à nos jours, mais un seul existe avec son dos abaissé original ; l’un est le HF Mk IXe matricule TE213, qui a volé entre 1995 et avril 2000 quand il a été accidenté au sol, et qui est en attente d’une nouvelle restaurati­on, l’autre est le TE308 qui avait été par la suite converti en Tr. 9 biplace pour l’Irish Air Corps. Ce dernier a longtemps été

La fameuse photo du “Spitfire” matricule MK304, codé Y2-K, du Squadron 442 ; on le voit subir un changement de moteur sur l’ALG (Advanced Landing Ground) B-03 de SainteCroi­x-sur-Mer, en Normandie, quelques semaines après le Débarqueme­nt.

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XAVIER MÉAL
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Il est ici en compagnie du MK959 de la collection du Dakota Territory Air Museum.
Le “Spitfire” Mk IX TE294 de Vintage Wings of Canada porte la livrée du “Spitfire” matricule MK304, codé Y2-K, du Squadron 442. Il est ici en compagnie du MK959 de la collection du Dakota Territory Air Museum.
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RCAF

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