Trois fois mieux
Plus vite, plus loin, plus moderne, l’hybride X3 ouvrait de nouvelles perspectives en 2010. Le démonstrateur prouva l’intérêt de la formule d’un croisement entre avion et hélicoptère.
La réussite du X3, croisement entre avion et hélicoptère.
Sans remonter aux pyramides égyptiennes ou aux dinosaures, cette histoire plonge ses racines au début des hélicoptères. La discipline exigeante du vol vertical se heurta très vite à la vitesse des pales en rotation, leurs extré-rémités frôlant le mur du son.n.
Pas question de lancer une pale dans le domaine supersonique. Donc les hélicoptères ne dépassent pas les 400 km/ h. La meilleure des preuves ? Le détenteur officiel du record du mondee de vitesse pour hélicoptère est depuis le 11 août 1986 le Westlandestland “Lynx” avec 400,87 km/h.
Dans les années 1960, les ingénieurs ne s’avouèrent pas vaincus et dessinèrent plusieurs démonstrateurs d’hybrides entre avion et hélicoptère ( compound en anglais). Au prix d’une débauche d’énergie et de solutions techniques tarabiscotées, le McDonnell XV-1, le Fairey “Rotodyne” ou bien encore le Lockheed AH-56 “Cheyenne” réussirent à pprendre de la vitesse. DR Aucun ne fut cependant fabrfabriqué en série. TrTrop chers, trop cocompliqués, les hybrides restèrent lelettre morte. Da ns les anannées 1970, les conconstructeurs préféraientféraie améliorer la fiabilitéfiabilité de leurs machines. Tout au plus l’américain Sikorsky explora les rotors superposés associés à des réacteurs avec le S-69 (premier vol en juillet 1973) et le couple rotor plus aile avec le S-72 (premier vol en octobre 1976). Là encore de belles performances, mais aucune application pratique immédiate. De ce côté-ci de l’Atlantique, Aerospatiale ne s’intéressa que de très loin aux hybrides. Tout au plus notons des études sur le papier d’un X910, appareil avec rotor basculant inspiré du Bell XV-15. À Marignane, siège de la branche hélicoptère de l’Aerospatiale, on mettait l’accent sur l’amélioration des rotors. Augmenter la vitesse ? Trop coûteux pour un gain minime répondaient les ingénieurs.
La course de vitesse est relancée
Le monde des hélicoptères semblait ronronner quand, au début des années 2000, la course de vitesse reprit. Les Américains partirent les premiers avec de grandes ambitions. De substantiels crédits militaires permirent aux ingénieurs de lancer des études. Chez Sikorsky, le principe de rotors superposés fut exploré par le X2, qui vola pour la première fois le 27 août 2008. Un rotor propulsif lui permit désormais d’atteindre 460 km/h le 15 septembre 2010. Chez Piasecki, on transforma un Sikorsky UH-60 très classique avec des ailes et un grand rotor propulsif à l’arrière. Le X-49 “SpeedHawk” vola à partir de juin 2007. D’autres bureaux d’études américains travaillaient à la même époque sur des hybrides très performants. Les Européens ne restèrent pas l’arme au pied. Aerospatiale et les Allemands de MBB s’étaient rapprochés en 1992 pour former Eurocopter, premier constructeur d’hélicoptères du monde (Airbus Helicopters en 2014).
Les ingénieurs européens partirent d’une feuille blanche avec une
idée en tête : faire simple, adopter des technologies qui ne fassent pas grimper le prix de l’appareil et le rendent finalement trop coûteux par rapport à un hélicoptère classique.
Patchwork d’hélicoptères
Ainsi naquit le X3 – en fait X-cube – comprendre High- Speed Hybrid Helicopter ( hélicoptère expérimental hybride à grande vitesse). Une voilure supporte deux rotors verticaux entraînés par les turbines qui animent dans le même temps le rotor principal horizontal. Pour valider les calculs, un démonstrateur fut assemblé à partir des hélicoptères du constructeur : cellule du “Dauphin”, rotor de l’EC155, boîte de transmission principale de l’EC175, turbines Turbomeca RTM322 venues du NH90. Un véritable patchwork.
6 septembre 2010, le X3 partait à la conquête des grandes vitesses. Pas de précipitation lors des essais ; on progressa par stades. Le 12 mai 2011, sans pousser l’appareil à son maximum, les pilotes atteignirent 430 km/h. En juin 2011, le X3 fut présenté au président Nicolas Sarkozy lors du Salon du Bourget. L’été 2012 se passa aux États-Unis avec une grande tournée de présentation qui permit de jauger de l’intérêt de la formule dans un pays incontournable tant le marché des hélicoptères civils et militaires est important.
Le 7 juin 2013, le X3 filait à 472 km/h et piquait à 487 km/h, validant les performances attendues. Au terme de 199 vols d’essai et 156 heures de vol, il termina sa carrière en juillet 2013. Les résultats furent jugés si satisfaisants qu’un appareil à vocation opérationnelle fut lancé, le “Racer” ( Rapid And Cost-Effective Rotorcraft). Tout est dans la désignation : certes un hybride rapide, mais un hybride rentable. Pas question d’esbroufe ; sont prises en compte toutes les leçons tirées des démonstrateurs des années 1960. Alors que le “Racer” va rejoindre sur le marché les hybrides des concurrents américains de Sikorsky et Boeing, le pionnier X3 repose désormais au musée de l’Aviation de Saint-Victoret.