“Blenheim”, le héros de la bataille d’Angleterre
L’histoire du Bristol “Blenheim” est mal connue en France, mais il faut se rappeler que la RAF en disposait plus de 1 000 exemplaires au début des hostilités, plus que n’importe quel autre type d’avion. La campagne de France lui coûta 200 de ces appareils, et surtout un grand nombre d’équipages, hélas souvent sacrifi és dans des opérations bien peu effi caces. Graham Warner, auteur de The Bristol Blenheim A Complete
History, ouvrage défi nitif couvrant en 600 pages l’histoire du bimoteur, considère la nuit du 18 juin comme marquant le début de la bataille d’Angleterre, et décrit en détail le rôle qu’y jouèrent ces bombardiers légers. Cette nuit- là, les “Blenheim” de chasse de nuit abattirent trois bombardiers allemands au prix de trois des leurs. Rappelons que les premiers radars aéroportés furent installés sur la version de chasse du “Blenheim”. Il a souvent été écrit que, par défaut de renseignement, la Luftwaffe avait attaqué de nombreux aérodromes que la chasse britannique n’utilisait pas. Cependant, pour réussir l’invasion prévue, il était indispensable de neutraliser toutes les unités de bombardement capables de s’en prendre aux divers navires utiles pour traverser la Manche, aux têtes de pont prévues sur les côtes anglaises ou encore aux aérodromes abritant les forces aériennes destinées à appuyer l’invasion. Les plans allemands ne manquaient pas de cohérence, ils intégraient probablement l’infl uence potentielle de l’opposition aérienne sur les opérations terrestres ou maritimes. Mis en alerte rapidement pour s’opposer à toute traversée de l’ennemi, les “Blenheim” furent ensuite régulièrement envoyés, de jour comme de nuit, bombarder les rassemblements de barges de transport repérées dans les ports occupés. Les aérodromes furent bien entendu également visés mais, plus diffi ciles à trouver de nuit que les ports, ils furent souvent désignés comme objectifs pour les “Blenheim”, seul type utilisé de jour. Peu armé, peu blindé et trop lent pour échapper aux chasseurs allemands, le bimoteur, rarement escorté, subit d’énormes pertes. De plus, utilisé généralement à basse altitude, il souffrit de l’effi cacité et de la concentration de la Flak. Si à la fi n de la bataille d’Angleterre le Fighter Command enregistrait le décès de 450 pilotes et membres d’équipage, le Bomber Command, le Coastal Command et la Fleet Air Arm en comptaient plus de 1 000 ; il est donc indispensable de rappeler le rôle des équipages de ces trois corps dans le déroulement des opérations.
Sur l’ensemble de la période, on recense la perte en missions de bombardement, chasse ou reconnaissance, d’environ
260 “Blenheim”, sans compter les machines perdues lors de vols d’entraînement, de convoyage ou d’essai.