Que n’a-t-on dit sur le génie manoeuvrier de François Hollande ! Pour un peu, les observateurs les plus sévères envers sa présidence depuis quatre ans lui accorderaient encore cette habileté. Alors qu’il ne tardera pas à trouver du gaz de schiste à force de s’enfoncer dans les sondages, l’homme qui avait réussi à s’empêtrer dans la ridicule affaire Leonarda fait encore l’objet d’une admiration non feinte de la part de la fine fleur du journalisme politique parisien. Ainsi, sa décision de laisser le Parti socialiste organiser une primaire fin janvier a été saluée comme un joli coup. Lui permettant d’être relégitimé à gauche, il tendrait ainsi un piège à ses adversaires. François Hollande, qui rêve d’affronter encore une fois Nicolas Sarkozy, a pourtant oublié d’observer les mésaventures de son prédécesseur à l’Elysée. L’ancien président ne voulait pas non plus de la primaire. Ne pouvant s’empêcher de reprendre la tête de son parti, il a dû alors en accepter le principe, aux conditions exigées par ses concurrents. En tant que président sortant, François Hollande aurait pu refuser cette compétition et voilà qu’il s’y soumet. Demain, il devra accepter ce que son futur adversaire Arnaud Montebourg a déjà commencé à exiger, prenant l’opinion à témoin : une élection ouverte à tous avec plusieurs milliers de bureaux de vote. Pour en être l’importateur en France et en avoir été la surprise en 2011, l’ancien ministre connaît bien le principe de l’élection primaire ouverte. Poussé par Montebourg dans le piège qu’il aurait préalablement tendu, François Hollande apparaîtrait ainsi définitivement comme l’emblème de la fameuse « maladresse des habiles ».