LA POMPE DU FISC
Il avait promis de rendre aux Français le fruit de leurs efforts mais cette promesse-là non plus ne sera pas tenue. Aux dernières nouvelles, le quinquennat de François Hollande devrait s’achever sur un niveau de prélèvements obligatoires en hausse de 2 points par rapport à 2011 ; 2 points, soit la bagatelle de 40 milliards d’euros. Les baisses d’impôts sur le revenu ou sur les sociétés trompetées depuis des semaines par le gouvernement, comme l’effort (réel) de baisse des charges sur les entreprises, ne changeront rien à l’affaire : les Français sont aujourd’hui plus taxés qu’il y a cinq ans et cela ne changera pas l’année prochaine.
On a tellement écrit, disserté, discouru sur le tabassage fiscal amorcé en 2011 et jamais remis en cause depuis qu’on finit par ne plus voir combien la situation de la France est ahurissante : alors que les prélèvements publics diminuent en Europe, nous sommes le pays le plus taxé du monde développé derrière la Finlande ; près de la moitié de la richesse créée chaque année par les Français (44,5 %) est confisquée par l’Etat, la Sécurité sociale et les collectivités locales. Et le résultat de cette saignée est inquiétant.
D’abord pour le consentement à l’impôt, qui diminue à mesure que les prélèvements s’accroissent. Les professionnels du conseil affirment que l’exil fiscal des entrepreneurs français ne se tarit pas. Et ceux qui ne partent pas n’en sont pas moins écoeurés. Selon un sondage publié au début du mois, les deux tiers des petits patrons jugent la fiscalité qu’on leur impose à la fois injuste et confiscatoire. Comment peut-on espérer d’eux, ensuite, qu’ils développent leurs affaires et créent des emplois ?
« Nous avons fait le choix de la justice sociale », répond le gouvernement pour justifier cette saignée, concentrée sur les classes moyennes et supérieures. Mais c’est le pays tout entier qui en a pâti. Dans un livre passionnant (1), les économistes Pierre Cahuc et André Zylberberg démontrent que les hausses d’impôts massives récemment imposées aux Français nous ont coûté une perte de croissance de 2,25 % les trois années qui ont suivi leur vote. 2,25 % qui nous auraient permis de faire repartir l’économie, de faire baisser le chômage, de nous désendetter.
Mais François Hollande a choisi son camp. Il refuse de baisser les impôts pour préserver notre sacro-saint « modèle social », cette gigantesque pompe à redistribuer l’argent gagné par les Français. Et on entend déjà le bientôt candidat à sa succession hurler à la dérive ultralibérale quand la droite annoncera des économies à réaliser après 2017. Mais l’argument n’est pas sérieux. Si la France alignait sa dépense publique sur la moyenne des pays de la zone euro, elle débourserait 160 milliards d’euros de moins chaque année ! Les candidats à la primaire de la droite et du centre n’ont aucune raison de jouer les petits bras dans leur programme de réduction des impôts et de la dépense publique. Nous avons de la marge.
(1) Le Négationnisme économique, Flammarion.
40 MILLIARDS D’EUROS D’IMPÔTS SUPPLÉMENTAIRES EN CINQ ANS