URSULA VON DER LEYEN, LA MINISTRE QUI VEUT RÉVOLUTIONNER L’ARMÉE ALLEMANDE
Après vingt-cinq ans de réductions systématiques des effectifs, de coupes budgétaires à répétition, de non-remplacement de matériels militaires surannés et dix années passées sans que le pays adapte véritablement sa stratégie globale de défense nationale, l’Allemagne entame peu à peu une révolution. Depuis son arrivée au poste de ministre fédéral de la Défense, en 2013, Ursula von der Leyen, membre de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti d’Angela Merkel, n’a de cesse de demander davantage de moyens et de plaider pour l’engagement de vraies réformes. Dans un livre blanc de 83 pages paru au mois de juillet dernier, la ministre a encore insisté sur la nécessité d’adapter l’armée allemande aux nouveaux conflits « asymétriques » auxquels sont confrontées les puissances occidentales et de lui donner un armement moderne. Reste que, pour gagner en crédibilité militaire et en capacité d’action, le pays doit encore faire face aux blocages hérités de la Seconde Guerre mondiale et du nazisme. L’engagement de militaires allemands au Kosovo en 1999 puis en Afghanistan sous le mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf) a marqué une rupture en termes d’opérations extérieures. Mais l’armée allemande refuse encore d’assumer d’autres fonctions que la reconnaissance, le soutien logistique, l’encadrement ou la formation, comme elle l’a fait dernièrement au Mali aux côtés des troupes françaises. Toutefois, la menace terroriste qui pèse sur le pays pourrait finir par avoir raison des réticences d’une partie de la classe politique à refuser des missions de combats programmés.