ANNE HIDALGO VS SADIQ KHAN
PARIS ET LONDRES PAS SUR LA MÊME VOIE
Ah, les bouchons ! Le lot commun des grandes métropoles. Pour remédier à la congestion qui est le corollaire de notre besoin de mobilité, Londres et Paris n’ont pas les mêmes recettes. Sur les quais de la Seine, Anne Hidalgo a amplifié la politique de Bertrand Delanoë en s’employant à « réduire la taille des tuyaux ». En clair : tenter de contenir l’ensemble du trafic urbain en dissuadant les conducteurs d’emprunter leur voiture. D’où les modifications incessantes de la voirie, l’utilisation forcenée des sens interdits, la multiplication des voies plus étroites ou des limitations de vitesse… L’inconvénient du système, c’est qu’il loge tout le monde à la même enseigne : taxis, livreurs, bus – et même les véhicules propres, que l’on prétend encourager !
Si l’octroi existait à Londres et à Paris au Moyen Age, il a été réactivé à Londres en 2005 et le nouveau maire, Sadiq Khan, a hérité de ce péage urbain mis en place par ses prédécesseurs. Beaucoup moins égalitaire, il coûte 11,50 livres par jour (environ 13,50 euros), mais il permet des exceptions (bus, taxis, handicapés, voitures propres) et la modulation du prix selon l’usage que chacun fait de la voirie.
« La comparaison entre les deux capitales est compliquée car elles sont très différentes en matière d’infrastructures, de densité de population – et donc de rapport à la voiture », expliquent Dominique Riou et Frédérique Prédali, de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme. Dans ce que l’on appelle le Greater London, 41 % des ménages sont sans véhicule, contre 30 % en Ile-de-France, où 38 % des déplacements sont effectués en voiture et seulement 21 % en transports en commun. Les ménages sont donc moins motorisés à Londres qu’à Paris. Pourtant, le prix pour les usagers est très différent. En Ile-de-France, le Passe Navigo revient à 73 euros (et ne couvre que 30 % du coût total) quand il faut 227 livres, soit 265 euros, pour une carte mensuelle appelée Oyster Card couvrant six zones à Londres.
Si les Londoniens utilisent plus les transports en commun, qu’ils payent beaucoup plus cher que les Franciliens, c’est qu’ils n’ont pas le choix. Le prix des amendes est rédhibitoire : 95 livres (110 euros) pour un dépassement d’horodateur. Si Paris est la zone la plus dense d’Ile-de-France, la City est la zone la moins dense de la région londonienne. « Les infrastructures de transport ont une incidence sur la motorisation des ménages », ajoutent nos deux experts avec, à l’appui, le chiffre de la baisse de l’utilisation de la voiture pour les déplacements entre Paris et sa proche banlieue, passé de 36 à 25 % en dix ans.