CHARLOTTE BOUVARD : “REMETTRE L’HUMAIN AU CENTRE DES SOINS”
Il y a douze ans, elle créait l’association SOS Préma : le combat d’une mère devenu aussi l’engagement d’une femme qui lutte sans relâche pour défendre la cause des enfants nés prématurément et assister leur famille. 70 antennes en France, 350 bénévoles… Le dispositif mis en place a démontré son efficacité mais parce que « le problème doit être pris dans sa globalité, avec une approche au niveau médical, social, politique » , Charlotte Bouvard prolonge son action sur tous les fronts. Si l’allongement du congé maternité compte parmi les avancées, l’éveil des consciences tarde. En mai, la photo de Louise, née à 5 mois de grossesse, a été envoyée à tous les députés : 52 ont depuis rejoint le groupe d’études « Prématurité et nouveau-nés vulnérables » qui vient d’être créé à l’Assemblée nationale.
Un cliché sur la prématurité à balayer ?
« Il est arrivé en avance, et alors ? » Soixante-cinq mille prématurés naissent en France par an, soit 180 par jour. C’est 8 % des naissances et tout le monde s’en fiche.
Quels sont les mots qui consolent ?
Ce sont les bras qui consolent, et l’écoute.
De quoi êtes-vous le plus fière ?
D’avoir réussi à créer un réseau solidaire. Les parents de prématurés ne sont plus seuls, c’est ce qui compte le plus pour moi.
Une priorité pour demain ?
Il faut remettre l’humain au centre des soins. A Uppsala, en Suède, existe un service de néonatologie qui est un parfait exemple à suivre.
Un tête-à-tête avec…
Le futur président de la République.
Une mère courage ?
Mère Teresa et Simone Veil. Deux femmes qui, malgré les obstacles, sont allées au bout de leurs convictions.
Vous êtes la fille d’un ex-député, Loïc Bouvard. Que vous a-t-il transmis ?
Le goût de se mettre au service des autres, d’être à leur écoute… et l’idée que tout est toujours possible si l’on s’en donne les moyens.
Une colère récente ?
La précarité de trop de parents qui n’ont pas les moyens de venir voir leur enfant hospitalisé à parfois plusieurs centaines de kilomètres de leur domicile.
Une raison d’être optimiste ?
Vivre pleinement cette aventure qu’est la vie ! Car se poser en victime revient à accepter d’en devenir spectateur.
Une requête ?
L’association ne bénéficie d’aucune aide publique. En douze ans, nous avons pourtant aidé plus de 500 000 familles, gratuitement.
Une vue apaisante ?
La superbe rade de Port-Navalo.
Un voeu récemment exaucé ?
Une demande de mon fils
Maxence : il rêvait de rencontrer Anne-Sophie Pic qui est aussi née prématurément. Ils ont cuisiné ensemble. Un grand moment de partage.
Un livre de chevet ?
Le Vieil Homme et la Mer, d’Ernest Hemingway.
Un film qui fait du bien ?
Beignets de tomates vertes, de Jon Avnet.
Un moment de détente privilégié ?
Un dîner à Maison Blanche. C’est excellent, beau, et idéal pour prendre de la hauteur.
Coup de pouce à une association ?
L’association Face au monde, où des chirurgiens plasticiens et maxillofaciaux de l’hôpital Necker opèrent gratuitement des enfants.
Une musique antimorosité ?
Abba, Bonnie Tyler, Toto…
Une devise ?
« Ne laissez personne venir à vous et repartir sans être plus heureux » , disait mère Teresa.
Tant que votre coeur battra…
J’aimerai.