EN VENDÉE, MÊME L’EMPLOI A UNE IDENTITÉ…
emploi impossible dans ce pays ? Mais regardez la Vendée, dit Alain Juppé : ils y sont presque parvenus – donc c’est possible. C’est vrai, les Vendéens paient autant de taxes, de cotisations et de charges en tout genre que les autres, et pourtant leur taux de chômage est inférieur à la moyenne nationale de près de 2 points (8,2 contre 9,9), et c’est même plus dans le Haut Bocage et le Choletais (Maine-etLoire). Cherchez la raison ! « Les hommes et le coeur », dit Bruno Retailleau (né à Cholet), président de la Région. Le phénomène déborde la Vendée et le Maine-et-Loire ; l’Ille-et-Vilaine obtient les mêmes performances, la Mayenne (6,8 % de chômage) et le pays de Vitré (5,5 %) font mieux encore. Vendéens et Bretons, même combat ! « Ce ne sont pas les infrastructures qui font le développement mais bien les hommes et les projets », confirme Michel Godet, économiste professeur au Cnam. Ces pays-là ont été labourés par l’Histoire. Le sang versé a modelé le caractère des hommes et des femmes. Villiers en a fait une légende au succès phénoménal. Une identité d’autant plus forte que ses racines sont profondes. Plus que cela : « la cohésion et la solidarité entre tous », ajoute Retailleau. Français, certes, mais chouan ou Vendéen. Une population homogène qui s’entraide ; le « sens du mutualisme » dit Alain Madelin, qui fut l’élu de Redon, et cette revendication : « Laissez-nous faire ! » Prenez le Choletais, qui vivait du textile : il a cru mourir comme les autres ; les survivants se sont groupés et ont fait renaître leur activité par le travail et l’innovation.
« Ne pas négliger le plus important, insiste Madelin : l’emploi est aussi fonction du niveau de vie du coeur », le bien-être moral, et pas seulement matériel, dans cet habitat étalé, horizontal, ce tissu de petites villes paisibles au lieu des grandes concentrations verticales des métropoles. Mais il faut quand même de bons atouts pour favoriser l’emploi : le plan routier breton, le réseau autoroutier, le rail, le haut débit généralisé – les usines se sont multipliées autour de ces axes. Et puis une école privée performante, en compétition frontale avec l’école publique ; une concurrence si efficace que les enseignants du public ont pris l’habitude de ne plus lire les directives pédagogiques expédiées de Paris.
En Vendée, le taux de chômage est inférieur de 2 points à la moyenne nationale