LA COMMISSION EUROPÉENNE NOUS ÉCRIT
Piquée au vif par l’éditorial de Guillaume Roquette (nos éditions du 9 septembre), la Commission européenne a souhaité réagir. Nous publions la lettre que nous avons reçue d’Isabelle Jégouzo, chef de la représentation de la Commission européenne en France.
Je réagis à votre éditorial du 9 septembre.
L’Europe traverse certainement une crise existentielle, mais, contrairement à vos affirmations, une large majorité d’Européens considère que seule une action au niveau européen permettra de faire face aux défis actuels (terrorisme, chômage, fraude fiscale, migrations, frontières, environnement).
La Commission veut une Europe qui protège les citoyens. Elle le fait en poursuivant les pratiques concurrentielles illégales (c’est le cas Apple), en mettant en place un corps européen de gardes-frontières (il sera opérationnel à la fin de l’année), en dissuadant les migrants de risquer leur vie en mer en leur permettant de vivre décemment dans leurs pays d’origine (c’est l’objectif du nouveau plan d’investissement pour l’Afrique). Concernant les négociations commerciales avec les Etats-Unis, la Commission considère elle aussi que les conditions d’une conclusion ne sont aujourd’hui pas réunies. Il appartiendra à la France de valider in fine ou non le résultat de ces négociations.
Quant au procès en légitimité démocratique, il n’est pas fondé. Les décisions européennes sont adoptées à l’issue d’un processus associant les gouvernements démocratiquement élus et le Parlement européen. La Commission n’est pas composée de fonctionnaires irresponsables mais de hauts responsables politiques des Etats membres (plusieurs anciens Premiers ministres y siègent). L’Europe est une construction en cours. L’action de la Commission est légitimement soumise au débat, mais celui-ci doit être honnête. Faire de l’Europe un bouc émissaire ne réglera aucun problème et nous affaiblira collectivement ! ISABELLE JÉGOUZO Au dernier sommet européen (Bratislava, vendredi dernier), Matteo Renzi s’est publiquement emporté contre une Europe qui « ne fonctionne pas » , juste bonne à produire « des documents sans âme et sans horizon », tandis qu’Angela Merkel reconnaissait que l’Union était dans « un état critique » . Mais apparemment, du côté de la Commission, tout va pour le mieux…
Ce procès en légitimité n’est pas fondé