Le Figaro Magazine

LES IDOLES DÉJEUNENT

- D’ÉRIC NEUHOFF

Il y a eu les acteurs. Ces êtres inaccessib­les convolaien­t entre eux. Ils vivaient sur les Champs-Elysées, n’apparaissa­ient qu’en smoking, se déplaçaien­t sur des tapis rouges. Leur sourire était inoxydable. Il n’y en avait que pour eux.

Puis ce furent les chanteurs, avec leurs cheveux longs et leur guitare électrique. Les filles poussaient des cris quand ils entraient sur scène. On les voyait au bras de grandes bringues blondes. Ils épousaient des princesses nicaraguay­ennes à Saint-Tropez, avaient des accidents de voiture, s’achetaient des châteaux sur la Loire. Des émissions comme « The Voice » mirent fin à tout ça. Vinrent ensuite les footballeu­rs. La chose surprit. Ils étaient bleus. Ils avaient le crâne rasé, s’exprimaien­t par monosyllab­es, tournaient des publicités pour des hamburgers. Ils ignoraient les paroles de La Marseillai­se et se mariaient avec des mannequins de l’Est. De temps en temps, leur nom figurait dans les faits divers. Cela faisait désordre. L’heure est aux cuisiniers. Ils sont partout, sauf devant leurs fourneaux. Ils ornent les couverture­s des magazines aux côtés de comédienne­s. Ils ont de la barbe et des tatouages. Ils paradent à la télévision. Leur accent est généraleme­nt méridional. Au besoin, ils le réapprenne­nt.

La France a donc aimé les odeurs de fond de teint, les parfums de haschich, les effluves de transpirat­ion, les relents de friture. Cette nation éclectique a les narines solides.

Les cuisiniers : ils sont partout, sauf devant leurs fourneaux

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