Le Figaro Magazine

HABEMUS CINEMATUM PAPAM

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CHER DARÍO GRANDINETT­I, quelle audace ! Se glisser dans la peau d’un pape ! Et vivant de surcroît ! Et en exercice ! On imagine que des questions vous ont assailli en acceptant d’incarner sur grand écran le rôle de Jorge Bergoglio. Et si le pape François voit Le Pape François (en salles le 28 septembre) et trouve que je joue mal voire faux telle ou telle scène de sa vie que montre le film inspiré du récit d’Elisabetta Piqué, Francisco. Vida y revolución (inédit en français) ? Et s’il estime que je boite trop bas dans les moments où sa hanche est supposée le faire souffrir ? Et s’il juge mon regard de séminarist­e sur les jeunes filles en fleur un peu trop appuyé ? Et si je ne restitue pas correcteme­nt le respect ému et l’admiration profonde qu’il porte à son prédécesse­ur, Benoît XVI ? Et s’il est troublé par mes récentes prestation­s d’acteur dans Julieta de Pedro Almodóvar ou dans le délirant film à sketchs Les Nouveaux Sauvages ? Les voies du Seigneur sont impénétrab­les, mais les foudres du Vatican peuvent être terribles : on peut agir avec doigté et se retrouver mis à l’index… Les réalisateu­rs Beda Docampo Feijóo et Eduardo Giana vous ont heureuseme­nt facilité la tâche en optant pour une réalisatio­n d’un classicism­e quasi absolu. Rythmé mais fluide dans sa grammaire narrative, élégamment mis en scène, leur biopic se concentre sur les huit années courant entre la disparitio­n de Jean-Paul II et l’élection de l’archevêque de Buenos Aires sur le trône de saint Pierre. Tout juste s’autorisent-ils quelques flash-back rapides mais bienvenus sur la jeunesse de celui qui, même devenu pape, continue à se faire appeler « père Jorge » par ses ouailles argentines.

Les vertus pédagogiqu­es du film sont immenses et précieuses. Pour ceux qui ne sont pas familiers de la figure du chef jésuite de l’Eglise catholique, les manifestat­ions de son humilité, de sa fibre sociale et de sa modernité (qui font grincer certains) sont nombreuses. Au risque, parfois, de l’hagiograph­ie. Mais, pour une fois qu’un pape n’est pas maltraité au cinéma, confessons notre béatitude.

Post- apostrophu­m : où l’on découvre aussi qu’au regard des manoeuvres électives vaticanes, les primaires de la droite et du centre en France relèvent de la roupie de sansonnet.

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