LA GAIETÉ DE CATHERINE DENEUVE
Voir Catherine Deneuve seule à l’écran, c’est déjà un bonheur. Elle sourit, pouffe, fume, découvre sur ses fiches les horreurs qu’elle va balancer, les envoie avec gourmandise puis renverse la tête en éclatant de rire, se cache les yeux, regarde la caméra de Loïc Prigent pour un commentaire bien senti : ça rend heureux pour la journée. Et, quand ça dure quarante-quatre minutes, c’est grisant. Deneuve y lit des extraits du livre de Prigent, J’adore la mode mais c’est tout ce que je déteste (Grasset). Brèves de podium tombées des lèvres de mannequins, couturiers, journalistes, attachées de presse et autres personnages du monde du chiffon. Vacheries et vanités ramassées et collectées par l’un de ceux qui le connaissent le mieux.
On ne résiste pas : « J’ai pris le RER. Le collapse. C’est comme la braderie d’Isabel Marant, mais sans les fringues. » « Elle a les cheveux trop noirs, la bouche trop rouge. Elle ressemble à un barbecue » « C’est une robe que j’adore : je l’ai même portée deux fois. » « Tu veux du champagne ? - Ah non !, ça, me rappelle trop le boulot. » « Elle va manger au Flore, ça lui donne l’impression de lire. » « C’est mon plus vieil ami, on se connaît depuis trois ans. » « Habille-toi pour le mec que tu veux, pas pour celui que tu as. » Et ma préférée : « Je n’ai pas mon téléphone : je l’ai laissé au chauffeur pour qu’il le recharge en tournant dans le quartier. »
Un des rôles les plus fins, les plus drôles et les plus pétulants de Catherine Deneuve. Du grand art.
« Catherine Deneuve lit la mode », Arte, 22 épisodes de deux minutes du 26 septembre au 7 octobre à 19 h 40. Parmi d’autres documentaires inédits sur la mode, à l’occasion de la Fashion Week.