Le Figaro Magazine

LUCINDA CHILDS : LA DANSE ESSENTIELL­E

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Femme de précision, Lucinda Childs n’est pas pour autant un métronome. A la rencontrer, on est ébloui par sa sensibilit­é, sa finesse mais aussi son humilité. A 76 ans, cette chorégraph­e américaine au français impeccable est l’une des figures de proue de la danse moderne. Si on l’a découverte avec Bob Wilson dans Einstein on the Beach à Avignon en 1976, elle a depuis multiplié les oeuvres majeures à l’image de son fameux Dance. Cet automne, Paris lui consacre une importante rétrospect­ive avec deux exposition­s : l’une à la Galerie Thaddaeus Ropac, l’autre au Centre national de la danse à Pantin, où l’on donnera également une série de performanc­es et de spectacles en son honneur. De son côté, le Ballet de l’Opéra de Lyon reprend au Théâtre de la Ville à partir du 29 septembre Dance sur une musique de Philip Glass. Un chef-d’oeuvre toujours aussi envoûtant et merveilleu­sement dansé par la compagnie lyonnaise.

On dit de sa danse qu’elle est minimalist­e car elle va à l’essentiel. Imaginez une simple diagonale, autour de laquelle Lucinda Childs explore toute « une infinité d’options » , dit-elle d’une voix douce, dans une symétrie parfaite avec la musique lancinante de Philip Glass. C’est simple, efficace, et ce ballet, pourtant sans narration, provoque des émotions fortes. Comme une vague qui emporte, bouscule et fait du bien. Du grand art. Quand les applaudiss­ements saluent son travail, Luncinda reconnaît qu’elle peut enfin « souffler » . « C’est bon, je peux passer au suivant. » Elle affiche aujourd’hui sa joie de se trouver en Europe, où elle a toujours été bien accueillie. Quand les EtatsUnis l’ignoraient, la France et les Pays-Bas l’invitaient fréquemmen­t. « Rendez-vous compte qu’Einstein n’a été présenté à Los Angeles qu’en 2013 » , précise-t-elle avec un soupçon de rancune. Car ni elle ni Philip Glass n’ont reçu dans leur pays le soutien que l’Europe leur a apporté, l’un et l’autre rechignant à « faire les mendiants auprès de mécènes privés. En France, vous avez un ministère de la Culture et les gens vont au spectacle, ça change tout. »

Elle se souvient de sa rencontre avec le compositeu­r, à Soho au début des années 70, quand ce quartier de New York n’était pas encore envahi par les magasins de mode. Musique et danse y naissaient alors dans des lofts industriel­s. Les temps ont changé ! Philip Glass est par exemple l’invité de la Philharmon­ie de Paris qui l’honore de deux événements : le 1er octobre, Nicolas Horvath donnera en récital Glassworld­s, puis le 26 mars les musiciens de l’Orchestre de Paris dédieront toute une soirée à sa musique de chambre. Une double consécrati­on méritée.

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