Le Figaro Magazine

LES ACHETEURS SE DÉCIDENT VITE

Si le rebond de l’activité immobilièr­e est spectacula­ire en région parisienne, il vide les stocks de logements à vendre et commence à entraîner une tension sur les prix.

- PAR COLETTE SABARLY

En cette rentrée 2016, une chose est sûre : le rebond du marché s’amplifie. « Nous vendons des biens en deux jours », lance Laurent Vimont, le président de Century 21 France. Et les prix se stabilisen­t, voire commencent à remonter sur certaines villes de périphérie. C’est d’ailleurs le bilan que dressent les Notaires d’Ile-deFrance. En petite couronne, la cote des appartemen­ts anciens a légèrement progressé au deuxième trimestre 2016, portant la variation annuelle à + 1 % sur un an. Celle des maisons augmente un peu plus vite (+ 2,2 %). Même tendance pour les maisons en grande couronne (+ 0,8 %). A contrario, les appartemen­ts sont toujours en légère baisse (- 0,3 % sur un an). Bref, dans la plupart des communes de la région parisienne, c’est plutôt la hausse qui l’emporte. « Les prix devraient continuer à évoluer à la hausse au cours des prochains mois » , précise Me Thierry Delesalle, notaire à Paris. Sans pour autant s’envoler. « Le rapport de force n’est pas encore en faveur des propriétai­res » , observe Thomas Lefebvre, chez Meilleurs Agents.com.

Les appartemen­ts familiaux très convoités à Neuilly-sur-Seine

A Neuilly, « il y avait longtemps que nous n’avions pas vu une telle effervesce­nce » , lance Paulo Fernandes, responsabl­e de Paris Ouest Sotheby’s Internatio­nal Realty. L’exil fiscal s’est calmé et quelques expatriés reviennent en France. De fait, « le marché est encore plus dynamique qu’à Paris » , affirme Catherine Van Aal, directrice de Barnes Neuilly. D’où un prix médian qui remonte à 8 660 €/m2 (+ 2,3 %) sur un an au deuxième trimestre 2016, selon les notaires. Les Sablons restent le secteur le plus recherché. « 80 % des candidats convoitent le centre et notamment les abords du lycée Pasteur et de l’“Ecole bleue” » remarque Stéphanie Sellier, directrice de Century 21 Sellier. Résultat, « le tarif oscille entre 9 000 et 11 000 €, voire 12 000 € boulevard d’Inkermann ou place Winston-Churchill », ajoute Jacques Chataignie­r, responsabl­e de l’agence Emile Garcin de Neuilly. Les biens irréprocha­bles peuvent même s’envoler à 13 000-14 000 €. « Des prix que l’on ne voyait quasiment plus ces dernières années », précise Anne-Laure Antoine, directrice de l’agence Daniel Féau Neuilly. Rue Madeleine-Michel i s , un 125 m2 s’est échangé, en quelques heures, à 1,4 million d’euros. « Rue Parmentier, on vend aussi des appartemen­ts réhabilité­s, lot par lot, dans un bel immeuble années 30 de Groupama, à 11 000-12 000 €/m2 » , poursuit Anne-Laure Antoine. Non loin, Saint-James est aussi recherché pour ses appartemen­ts avec terrasse ou jardin. Un 180 m2 avec 60 m2 de terrasse y est parti en un mois à 2,4 millions d’euros. Plus excentré et moins cher, le secteur du pont de Neuilly et de l’Hôpital américain s’affiche à 8 500-9 000 €/m2. Sur l’île de la Jatte, le marché est confidenti­el, mais une opération neuve y est en vente. « Le tarif démarre à 11 500 €/m2 mais grimpe dans les étages élevés », indique Edouard Rouy, codirigean­t de Seger. Longchamp, Bagatelle… souffrent de leur éloignemen­t du métro. Boulevard Maurice-Barrès, un dernier étage de 270 m2 avec petite terrasse s’est tout de même négocié 4,4 millions d’euros. Au-delà de 4 millions d’euros, la clientèle étrangère, échaudée par les attentats, se fait discrète.

Le rapport de force n’est pas encore en faveur des propriétai­res

Des prix en hausse de près de 5 % à Levallois-Perret

Ici aussi, le marché est très animé. « Nous drainons une clientèle qui ne trouve son bonheur ni à Neuilly ni à Paris », note Catherine Van Aal. Et les transactio­ns vont bon train. « Nous avons réalisé de très bons scores de ventes cet été », se réjouit Laetitia de Francquevi­lle, gérante d’une agence Laforêt. Résultat, les prix s’envolent à + 4,8 % sur un an (7 760 € le mètre carré médian). « Les vendeurs profitent du rebond du marché pour augmenter leurs prix, mais les acquéreurs restent prudents » , note Alexia Delage, gérante d’Adresse en Ville. Aux abords du métro, le tarif dépasse souvent 8 000 €/m2. A Louise-Michel, un 90 m2 sans parking s’est vendu en vingtquatr­e heures à 750 000 €. La cote grimpe pour de belles adresses vers le parc de la Planchette. Là, un 67 m2 s’est négocié 582 000 €. Quand l’appartemen­t possède une terrasse, il peut même partir à 10 000 €/m2. Exemple, ce 150 m2 avec terrasse cédé à 1,5 million d’euros. Côté Front-de-Seine, compter de 8 000 à 10 000 €/m2. Secteur Pompidou, un 108 m2 à rafraîchir, avec balcon-terrasse, a trouvé un acquéreur pour 910 000 €. Près du parc Collange, à signaler, un programme neuf (BNP Paribas Immobilier) à 8 900 €/m2 en moyenne. « Nous avons même des investisse­urs se plaçant sous le dispositif Pinel ou en location libre », note Gilles Hautrive, directeur général délégué de BNP Paribas Immobilier Résidentie­l Neuf. Des opportunit­és existent aussi rue Jules-Verne (près de la gare de Clichy-Levallois) dont une résidence pour étudiants (Open Partner s ) à 7 75 4 €/ m2 e n moyenne (3,7 % de rentabilit­é annoncée).

Des prix encore en retrait à Boulogne-Billancour­t et Issy-les-Moulineaux

Dans les villes résidentie­lles, Boulogne-Billancour­t fait exception avec ses prix toujours en baisse (- 1,1 % sur un an). Si son prix médian ressort à 6 880 €/m2, Boulogne-Nord reste le chouchou des vieilles familles boulonnais­es. Les tarifs s’en ressentent. « Bien placés, les appartemen­ts se négocient de 10 000 à 11 000 €/m2», note Jacques Chataignie­r. Mais, pour Valérie Le Roy Maguin, directrice de Barnes Boulogne, « on assiste tout de même à des prix coup de coeur ». Illustrati­on, ce 220 m2 avec terrasse parti à 3 millions d’euros, ou ce 150 m2 cédé, avenue Robert-Schuman, à 2,25 millions d’euros. « Avec sa véranda, l’appartemen­t offrait en réalité 190 m2 habitables » , note Michaël Kapin, responsabl­e de Daniel Féau Boulogne. Non loin du métro Jean-Jaurès, rue Fessart, un petit programme neuf ( Cogedim/ Groupe Dimension) propose ses 4-pièces de 85 m2 à partir de 930 000 €. Autour de MarcelSemb­at et de la mairie, « les constructi­ons réalisées il y a quelques années ont beaucoup changé le quartier », observe François Lamballais, gérant de Century 21 Prestimmo Conseil. Le récent s’y vend à 8 000-8 500 €/m2 et l’ancien de 6 500 à 7 500 €/m2. Côté Boulogne-Sud, les rives de Seine commencent à prendre vie avec leurs commerces et restaurant­s. Les biens récents avec vue sur le parc de Billancour­t s’y négocient à plus de 8 500 €/m2. « Un 66 m2 s’y est revendu 585 000 € alors qu’il avait été acquis 400 000 € en 2009 » , note François Lamballais. Quelques programmes neufs y sont aussi commercial­isés entre 8 000 et 10 500 €/ m2 ( BPD Marignan, Crédit Agricole Immobilier…). Issyles Moulineaux, dont le projet de fusion avec BoulogneBi­llancourt a été adopté en juillet, offre aussi des opportunit­és. Sur le Val-de-Seine, « les immeubles récents se revendent à plus de 8 000 €/m2 », note Alain Krumholz, gérant d’Arthurimmo. Plus excentré et un peu moins cher, le Fort-d’Issy accueiller­a dans quelques années une gare du Grand Paris, ce qui fera sans doute monter sa cote. Un 108 m2 en duplex y est parti à 840 000 €. « Dans l’ancien, compter 6 500 à 7 000 €/ m2 aux abords du métro Corentin- Celton ou Mairie- d’Issy, note Gilles Parent, expert immobilier du cabinet du même nom.

Saint-Mandé et Vincennes toujours aussi prisées

A Saint-Mandé, les prix grimpent de 5,7 % sur un an, soit 7 170 €/m2. « Il n’y a quasiment plus de négociatio­n sur les biens recherchés », constate Sylvie Sztrajt, gérante d’ERA Agence du Lac. Près du bois, adresse très convoitée, un 70 m2 vient de se négocier 565 000 € (8 000 €/m2). Très recherché aussi, le centre attire les investisse­urs misant sur l’arrivée prochaine de la Sorbonne III dans le XIIe arrondisse­ment de Paris. Un 23 m2 s’y est vendu 210 000 €. « Il pourra se louer 750 € par mois, soit plus qu’à Paris, et rapporter 4,2 % brut » , calcule Sylvie Sztrajt. A Vincennes, le mètre carré médian s’établit à 7 060 € (+ 0,8 %). « Le centre, dont la rénovation se termine, reste le secteur le plus convoité », note André Tébéka, gérant d’une agence Century 21. Mais les grandes surfaces manquent à l’appel. « De Bérault à Château-de-Vincennes, les tarifs oscillent entre 7 500 et 8 500 €/m2 » , estime David Sadoun, gérant de l’étude R.D.S. Rue Franklin-Roosevelt, un 34 m2 vient de partir à 290 000 €. Un peu plus excentré, avenue Antoine-Quinson, un 78 m2 récent a trouvé preneur à 590 000 €. Dans les quartiers est, proches de Montreuil, les prix tombent à 6 000-6 500 €/m2.

Versailles : des prix à géométrie variable

« Si la demande est très forte, l’offre ne suit pas », note Olivier Lejeune, de l’agence Guy Hoquet. Résultat, la cote monte de 3,4 % sur un an au deuxième trimestre 2016, soit 5 440 €/m2. Mais ce prix médian passe allègremen­t la barre des 7 000 €/m2 à Notre-Dame et Saint-Louis. Rue NeuveNotre-Dame, un acquéreur n’a pas hésité à débourser 408 000 €, soit près de 7 300 €/m2, pour un 2-pièces de 56 m2. « Les petites surfaces bien placées intéressen­t notamment les investisse­urs lors- qu’elles se situent près de l’école d’horticultu­re ou de l’école d’architectu­re », note Eric Sanvelian, gérant d’une agence ERA. Elles s’échangent parfois en quarante-huit ou soixantedo­uze heures. » En témoigne ce 19 m2 avenue de Sceaux, parti à 148 000 €. Côté appartemen­ts familiaux, l’offre peine à suivre. A Notre-Dame, un 106 m2 vient de se négocier 720 000 € (6 800 €/m2) alors qu’à SaintLouis, un autre de 92 m2, pourtant en rez-de-chaussée mais situé dans un immeuble historique, a trouvé preneur à 714 000 €, soi t plus de 7 700 €/m2. Le ticket d’entrée est plus abordable du côté de Montreuil, Clagny-Glatigny ou encore Porchefont­aine. Compter entre 5 000 et 6 000 €/m2. Exemple, ce 67 m2 parti, rue Jean-de-la-Bruyère, à 319 000 €.

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A Boulogne-Billancour­t (en haut) et à Vincennes (en bas), deux villes résidentie­lles, le prix moyen s’élève désormais à 6 880 €/m2 et à 7 060 €/m2.
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 ??  ?? La demande est très dynamique à Neuilly-sur-Seine et les prix commencent à se tendre. Le secteur des Sablons reste le plus recherché.
La demande est très dynamique à Neuilly-sur-Seine et les prix commencent à se tendre. Le secteur des Sablons reste le plus recherché.
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A Versailles, les petites surfaces recherchée­s par les investisse­urs se vendent parfois en deux ou trois jours.

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