MACRON, QUOI DE NEUF ?

Flaubert, dans sa Correspondance, fait souvent précéder le nom de Mac-Mahon des initiales N. S. Pour « Notre Sauveur ». Moquant ainsi le goût des Français pour les hommes providentiels. De Boulanger à Lecanuet, ils ont toujours un Sauveur dans le coeur. Ces jours-ci, c’est Emmanuel Macron. Ils en sont toqués. D’où, suivi d’un débat, ce film de Bertrand Delais. Très sulpicien, le film. Avec des phrases passe-partout comme « L’homme dérange comme il fascine », « Il aime plaire et déplaire », « On l’admire ou on le déteste ». Sans oublier ceci, qui m’a bien fait rire : « Il a décidé de vivre le roman qu’il n’a pas encore écrit. »

Dans le film, Macron ne rit pas beaucoup. On sent le gars recueilli, pénétré de sa mission : sauver la France. Delais parle même de « monarque 2.0 » et de « pari pascalien », mazette !

On voit Macron sur le terrain. Il écoute les gens, hoche la tête, fait le gentil. Puis, joignant les mains, il explique gravement qu’il ne faut pas réformer, mais refonder. C’est donc ça. Il ajoute qu’une « partie de l’explication de la désaffection des Français pour les hommes politiques, c’est leur vocabulaire ». Ah ! voilà !

En France, on le sait, la mode tient lieu d’opinion. Macron jubile. Il vient de sortir, il est brillant, il a une « story » pour les gazettes. Parce qu’il y a une story, il se croit un destin.

S’il a quelque chose à dire de neuf, Emmanuel Macron s’est bien gardé de le révéler à Bertrand Delais, qui a peint son portrait à la brosse à reluire.

Dans la tête d’Emmanuel Macron, suivi d’un débat : « Quel avenir pour Emmanuel Macron ? », LCP, lundi 3 octobre, 20 h 30 ; jeudi 6, 00 h 30.