EN QUATRIÈME VITESSE

★★★ À TOMBEAU OUVERT, de Bernard Chambaz, Stock, 216 p., 18 €.

C’était un héros. Et pas seulement pour les spécialistes de courses automobiles. Parce qu’il était beau, courageux, agile. Le meilleur. Le 1er mai 1994, pour lui, la vie s’est arrêtée. Sur le circuit d’Imola, Ayrton Senna est mort, percutant sa monoplace sur un mur de béton. Bernard Chambaz est devant sa télévision, ce drame lui en rappelle un autre, personnel : son fils Martin tué sur la route deux ans auparavant. Puis, vingt-deux ans plus tard, il est victime avec sa femme d’un accident de voiture. Une immense frayeur qui lui donne l’envie de raconter Senna, Achille moderne, qui aima la gloire plus que la vie. De son enfance à ses triomphes, ce récit n’est pourtant pas celui d’une mort annoncée. Plutôt celui d’un destin étincelant. Un passionné soucieux de sécurité, de la sienne comme celle des autres. Un perfectionniste qui étudie pas à pas ses circuits, un faux calme qui se fâche avec les hautes instances de la Formule 1 et qui ne fera pas de cadeau à son rival de toujours, Alain Prost. Senna, c’est l’ami fidèle, inconsolable lorsque l’un de ses condisciples périt en course. Mais aussi un pentecôtiste convaincu, un amoureux transi et parfois timide. Tout au long de sa courte vie, le champion a une conscience aiguë de la mort qui rôde. Cette épée de Damoclès est finalement tombée. LAURENCE CARACALLA