UR DU PARTI RÉPUBLICAIN
un candidat surgi de nulle part, sans la moindre expérience politique, a damé le pion à des hommes publics chevronnés soutenus par les plus riches mécènes du parti.
En entrant en croisade contre l’immigration mexicaine, en affichant un mépris pour les femmes et le féminisme, et en allant très loin dans la mise en cause des Noirs, thèmes martelés pendant sa campagne, Donald Trump a mené une véritable révolution culturelle contre le politiquement correct et à rebours de l’ensemble des évolutions de la société américaine depuis les années 60 et la Great Society de Lyndon Johnson. En le voyant voler de succès en succès aux primaires, les stratèges du GOP se sont arraché les cheveux. Car Donald Trump a emprunté une voie diamétralement opposée à celle qu’ils avaient conseillée après l’échec de Mitt Romney face à Barack Obama en 2012. L’analyse de cette défaite montrait que le Parti républicain devait s’ouvrir à d’autres électorats. Il y a quatre ans, Romney avait perdu de quatre points (47 % des voix contre 51 %) bien qu’il eût recueilli 59 % du vote « blanc » (contre 39 % à Obama). Les stratèges en avaient conclu qu’une victoire du GOP à la présidentielle passait par un rapprochement avec les « minorités », en particulier les Latinos. D’où la recrudescence de candidats à la primaire d’origine hispanique (Ted Cruz et Marco Rubio) ou « latino-compatibles » (Jeb Bush, parfait hispanophone, marié à une Mexicaine et converti au catholicisme). Or, Trump a commencé par s’en prendre aux immigrés mexicains, « violeurs » et « dealers de drogue », avant de promettre à la nation d’ériger un mur infranchissable à la frontière sud des Etats-Unis.
La formule lui aura permis d’emporter l’investiture haut la main et de rassembler derrière lui quelque 75 % des électeurs traditionnels du Parti républicain. Mais les sondages indiquent que son triomphe par KO n’est qu’une victoire à la Pyrrhus : selon les sondeurs les plus écoutés, elle devrait déboucher sur une des plus retentissantes défaites républicaines à la présidentielle, la troisième consécutive. Avec le showman Donald Trump, le Grand Old Party s’est certes converti aux paillettes, mais il aura beaucoup perdu de son lustre. Quant à son avenir, on se demande si le fossé creusé entre électorat et dirigeants pourra être comblé un jour.