WASHINGTON OU LA HAINE CAPITALE
Le 12 septembre 2009, la capitale leur appartenait. Les manifestants du Tea Party avaient défilé de Freedom Plaza jusqu’au Capitole et tenu un long meeting au pied du Washington Monument face à la MaisonBlanche. La « Marche des contribuables », comme elle était intitulée, devait signifier à Barack Obama comme aux parlementaires du Congrès que la coupe était pleine : trop d’impôts, trop de fonctionnaires, trop de régulations et, en plus, un Président qui voulait imposer un système public d’assurance-maladie. De ce rassemblement hétéroclite se réclamant de leur statut d’hommes libres, comme l’avait défini Thomas Jefferson, ressortait surtout une haine des pratiques washingtoniennes dominées par les lobbies, les compromis et les professionnels de la politique. En sept ans, l’antiparlementarisme a prospéré et la détestation de Washington atteint des sommets. Dans ses meetings, Donald Trump en a usé jusqu’à la nausée, déclenchant huées et quolibets chaque fois qu’il abordait le sujet. « Ces crétins à Washington » est devenue une de ses invectives favorites qui garantit les applaudissements de la salle. Mais audelà des désabusés qui acclament le candidat républicain, la crise semble plus profonde. Beaucoup d’Américains ont perdu foi dans les institutions de la capitale fédérale. Selon un sondage Gallup publié en juin dernier, seulement 9 % d’entre eux font confiance au Congrès (contre 52 % qui ne lui en accordent que peu ou aucune). En 1973, quand Gallup a lancé cette enquête, 42 % des Américains se fiaient à cette institution.