RICHES CONTRE CLASSE MOYENNE : LA PANNE D’ASCENSEUR
Depuis 2000, l’institut Gallup demande aux Américains à quelle classe ils ont le sentiment d’appartenir. La dernière enquête, publiée l’an dernier, révèle une chute du nombre de ceux qui se déclarent classe moyenne. Il est passé de 63 à 51 % entre 2008 et 2015, tandis que le sentiment d’appartenir à la classe ouvrière ou défavorisée a bondi de 35 à 48 %. En revanche, ceux qui s’estiment de la classe supérieure demeurent au chiffre stable de 1 %. Ce sentiment de paupérisation et de déclassement est très marquant aux Etats-Unis. Il est notamment lié à l’avènement d’une économie où le bagage acquis grâce à des études supérieures devient indispensable pour accéder à un emploi stable et bien rémunéré. Le fameux « rêve américain » du milliardaire parti de rien a perdu de son éclat. Les stars de l’économie du XXIe siècle ont démarré par de solides études dans de prestigieuses universités avant d’accéder, à moins de 30 ans, à des fortunes colossales. On pense notamment à Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook, âgé de 32 ans aujourd’hui et dont la fortune est estimée à 55 milliards de dollars. Ces richesses inaccessibles et les revenus en hausse vertigineuse des élites américaines laissent non seulement loin derrière elles une classe moyenne en difficulté, mais elles lui donnent un fort sentiment d’inégalité que les Etats-Unis n’ont jamais éprouvé ainsi depuis 1945. Comme si les plus riches voyageaient dans un ascenseur ultrarapide tandis que le reste de la société se trouvait dans un monte-charge en panne, voire en chute libre. De quoi ébranler la foi des Américains dans les vertus du capitalisme.