RAYON BIOS
a n’arrête pas. Sur les écrans, il n’y a plus que ça. Les biopics fleurissent dans les salles. On plonge dans les aventures du commandant Cousteau. Snowden trône sur toutes les colonnes Morris. La silhouette de Cézanne se détache en pastel sur les affiches. Le cinéma s’est même attaqué au pape François. Plus rien n’est sacré. Des films sur Pablo Neruda et Jackie Kennedy sont annoncés. Un Dalida nous menace. Cloclo, lui, c’est fait. James Dean, Lincoln, Hoover, Steve Jobs, Alan Turing ont eu droit à leur résurrection sur pellicule. La fiction a pris ses RTT. Les scénarios se résument à des papiers d’identité. Les metteurs en scène consultent les archives, épluchent les curriculum vitae. Souvent, ils sont obligés de mêler des bandes d’actualité aux séquences en couleurs. On entre ainsi dans le secret des dieux. Le public ne se passionne plus que pour les stars et les congés maladie.
Le citadin piaffe dans les embouteillages. Zut, il va être en retard à la séance de 20 heures. Il rêve à ce que serait sa vie s’il était célèbre. Il connaît par coeur les manies des présidents, sait quels sont les traumatismes des PDG, comprend les tourments des artistes.
Les « people » s’étalent en une des magazines, envahissent les multiplex. Ces monstres hantent les subconscients. Ils ont des malheurs. En comparaison, les nôtres paraissent bien fades. On les cajole comme des grands crus dans une cave à la bonne température.
Cette nostalgie plonge ses racines dans un terroir très ancien. La littérature n’est pas épargnée. Joyce Carol Oates a peut-être ouvert la voie en faisant de Marilyn une héroïne de roman. Les suiveurs se sont engouffrés dans la brèche. Fitzgerald, Salinger se sont réincarnés en caractères d’imprimerie. Quels vont être les prochains sujets ? Cahuzac ? Le titre est déjà prêt : Les Yeux dans les yeux. Versez les droits d’auteur dans un paradis fiscal, SVP.
Au cinéma, la fiction a pris ses RTT