Le Figaro Magazine

UN HÉROS TRÈS CHRÉTIEN

- Si vis pacem, para bellum,

vous ressemblez de plus en plus au personnage principal d’un de vos derniers films : Jésus-Christ. Comme lui, vous êtes né dans un pays improbable, avez connu des années de gloire où vous étiez vénéré avant d’être arrêté, jugé, condamné, crucifié (moralement). Comme lui, vous avez vu des proches se détourner de vous et vous rejeter. Comme lui, enfin, vous êtes ressuscité. N’étant ni Dieu ni fils de Dieu mais cinéaste, c’est un film qui vous fait sortir du tombeau. Il porte un titre évidemment biblique (Tu ne tueras point) et sort en salles une semaine après le Jour des morts. Et des morts, Dieu sait si on en voit dans votre évocation filmée de la bataille d’Okinawa où votre mise en scène ultraréali­ste se révèle digne de celle de Il faut sauver le soldat Ryan. Vous donnez surtout à découvrir un type de personnage rare et incongru : le héros de guerre pacifiste.

Comme le Sergent York de 1917 immortalis­é par Gary Cooper, Desmond Doss a existé. Il a lui aussi été décoré (en 1945) de la médaille militaire et porté aux nues pour ses exploits militaires. A une grosse différence près : Doss les a accomplis sans tenir la moindre arme. Vous l’expliquez lors de la première partie du film où, entre son frère bagarreur et sa fiancée infirmière, on voit grandir et s’affirmer ce fils de Sammy alcoolique et croyant, traumatisé par ce qu’il a vu dans les tranchées françaises en 14-18. Aimant et craignant son père, Desmond se jure de ne jamais lui ressembler sauf dans sa haine de la guerre. Objecteur de conscience mais désireux de servir son pays en s’engageant contre les Japs, il subira les pires moqueries et les pires humiliatio­ns lors de sa préparatio­n avant de participer aux combats du Pacifique en tant qu’infirmier et de réaliser ce qu’aucun scénariste de films de superhéros n’oserait imaginer. Les trente dernières minutes sont à couper le souffle. Et bouleversa­ntes d’émotion. Combattre la barbarie en respectant à la lettre la parole de Dieu : Mel Gibson a réalisé un film de guerre pacifiste aux accents chrétiens, mystiques. Il a surtout dressé, sous les traits d’un comédien étonnant (Andrew Garfield), le portrait éblouissan­t, habité, d’un homme seul désigné par le Destin : comme William Wallace (Braveheart), comme le héros d’Apocalypto, comme J.-C. On n’en sort pas. Post-apostrophu­m : un peu quand même…

Anouk est en classe de troisième. Comme tous les adolescent­s de son âge, elle doit effectuer un stage de quelques jours dans une entreprise. Après plusieurs péripéties, la gamine se résout à rejoindre la société d’assurances de sa mère. En basculant dans le monde du travail, elle sera tentée d’y trouver une place… En choisissan­t le cadre profession­nel – au lieu du traditionn­el cercle familial – pour explorer le thème du passage à l’âge adulte, Marc Fitoussi a joué

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 ??  ?? MAMAN A TORT, de Marc Fitoussi, avec Emilie Dequenne, Jeanne Jestin (en salles le 9 novembre).
MAMAN A TORT, de Marc Fitoussi, avec Emilie Dequenne, Jeanne Jestin (en salles le 9 novembre).
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