Le Figaro Magazine

SOTS BRITISH

- OLIVIER MONY PHILIPPE BLANCHET N. U.

NUMÉRO 11, de Jonathan Coe, Gallimard, 448 p., 23 €.

Traduit de l’anglais par Josée Kamoun.

C’était il y a vingt ans. La découverte en France d’un pur romancier pour qui les privilèges de la fiction avaient encore tout leur sens, pour qui le réel pouvait être autre chose qu’un chantage. Avec Testament à l’anglaise, comédie noire, allègre, tragique, sur fond de thatchéris­me, de masturbati­on et d’ultramoder­nes solitudes, Jonathan Coe faisait une entrée en fanfare dans notre paysage littéraire. Aujourd’hui, son onzième roman, Numéro 11 justement, reprend les choses là où le Testament les avait laissées : à la fin des haricots. Numéro 11 donc, comme la ligne de bus qui traverse Birmingham embarquant à son bord une ancienne chanteuse pop reconverti­e en bibliothéc­aire et bientôt en chômeuse, avant qu’une improbable émission de téléréalit­é ne lui offre l’opportunit­é d’une triste renaissanc­e. Il y a aussi sa fille Alison, une enfant trop curieuse qui deviendra une jeune femme à l’identité troublée ; l’amie d’Alison, Rachel, mais également une punk entourée d’oiseaux et de sinistres présages, et une drôle de famille riche pour qui l’enfer est pavé de mauvaises intentions… Moderne, flirtant avec les genres, de la comédie noire au fantastiqu­e, Numéro 11 est une grande fiction paranoïaqu­e. Coe y déploie toute l’étendue de son talent pour dire mieux que jamais combien notre « bel et vivace aujourd’hui » a du plomb dans l’aile. passé que la Suède voudrait bien volontiers oublier. Un violent conflit éclate alors, attisé et arbitré par toutes sortes de personnage­s douteux…

Les auteurs de polar nordique nous ont habitués depuis belle lurette aux interminab­les nuits polaires, aux aurores boréales, aux fjords verglacés et aux subtils malaises d’une société transie. Mais c’est un journalist­e, documentar­iste et écrivain français, Olivier Truc, qui, via les passionnan­tes aventures des enquêteurs Klemet Nango et Nina Nansen, alias l’attachante patrouille P9 de la police des rennes, se révèle paradoxale­ment le plus exotique et le plus dépaysant, en nous dévoilant les coutumes si particuliè­res et les problèmes sans fin du rude peuple sami. aux « nains historique­s », aux « faux nains avec de faux nez », aux « nains narrés », aux « géants patagons », aux Pygmées

(« Y croire, les voir ») ou aux amis de la banlieue, les facétieux et apaisants

« nains de jardin ».

Un ouvrage qui sera toujours utile dans votre bibliothèq­ue, et qui pourrait bien être une brillante idée de cadeau pour bon-papa à la Noël.

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