Le Figaro Magazine

LES SALARIÉS À L’AMENDE !

En octobre, les députés ont voté une loi instaurant l’obligation pour les entreprise­s de dénoncer leurs salariés ayant commis des infraction­s au code de la route avec un véhicule de société, sous peine d’amende. Le point avec notre avocat conseil Rémy Jos

- RÉMY JOSSEAUME

Les chefs d’entreprise ont désormais l’obligation de dénoncer leurs salariés qui commettent une infraction au code de la route avec leur véhicule de fonction.

Les députés viennent en effet d’adopterlal­oide modernisat­ion de la justice du XXIe siècle qui crée une infraction spécifique si l’employeur ne dénonce pas le conducteur au volant du véhicule avec lequel une infraction a été commise. Cette nouvelle loi est-elle pour autant incontourn­able ? Le code de la route se trouve maintenant complété d’un nouvel article numéroté L.121-6 qui précise : « Lorsqu’une infraction constatée a été commise avec un véhicule dont le titulaire du certificat d’immatricul­ation est une personne morale ou qui est détenu par une personne morale, le représenta­nt légal de cette personne morale doit indiquer, par lettre recommandé­e avec demande d’avis de réception ou de façon dématérial­isée, dans un délai de quarante-cinq jours à compter de l’envoi ou de la remise de l’avis de contravent­ion, à l’autorité mentionnée sur cet avis, l’identité et l’adresse de la personne physique qui conduisait ce véhicule. »

Le mandataire social qui contrevien­drait à cette obligation de délation sera sanctionné de l’amende prévue pour les contravent­ions de la quatrième classe, c’est-àdire une amende forfaitair­e de 135 euros, à condition que le PV soit réglé sous 45 jours. L’amende majorée, en cas de paiement après 45 jours, bondit à 375 euros.

Mais les députés ont tout prévu puisque ladite loi nouvelleme­nt adoptée quintuple le montant

Selon les pouvoirs publics, plus personne ne doit passer entre les mailles du filet

des amendes forfaitair­es applicable­s aux personnes morales. Ainsi, l’amende à laquelle s’expose le chef d’entreprise pour non-dénonciati­on de collaborat­eur en infraction pourra s’élever à 1 875 euros (375 euros x 5) à moins qu’il n’établisse l’exis- tence d’un vol, d’une usurpation de plaque d’immatricul­ation ou de tout autre événement de force majeure. Reste à savoir si cette mesure sonne la fin de la prétendue impunité des collaborat­eurs d’entreprise ? « Rien n’est moins sûr », selon l’avocat Rémy Josseaume.

En effet, si le chef d’entreprise peut échapper à l’amende après avoir rempli son obligation de délation, le salarié dénoncé pourra bien évidemment soit contester la matérialit­é de l’infraction, soit nier en être l’auteur. S’il prétend qu’il n’était pas le conducteur du véhicule, et que l’administra­tion ne peut pas prouver que celui-ci était au volant à ce moment précis, le salarié dénoncé par son employeur ne pourra pas être condamné.

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L’Etat veut renforcer la répression en installant plusieurs centaines de nouveaux radars dans les années à venir.

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